« Un rond-de-cuir au musée », a cruellement titré Le Canard enchaîné lors de sa nomination à la présidence du Centre Pompidou, en mars 2015. Les milieux culturels se montrent tout aussi circonspects : certes agrégé de lettres modernes, le nouveau promu n’a aucune expérience avérée des arts plastiques ni de la direction d’un grand établissement culturel. Par contre, sa connaissance de la haute administration est des plus fines : il vient de passer neuf ans comme secrétaire général du gouvernement, sous trois présidents de la République, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Lorsqu’il prend sa retraite, en 2021, il est finalement salué comme l’un des meilleurs présidents qu’ait connu le Centre Pompidou. Serge Lasvignes est mort des suites d’un cancer, samedi 15 février, à Paris.
Né le 6 mars 1954 à Toulouse, il y fait des études de lettres et s’oriente vers le siècle des Lumières, ses auteurs mais surtout leur audience, puisque sa thèse, inachevée, porte sur « la lecture et les lecteurs au XVIIIe siècle ». Une attention au public autant qu’aux créateurs qu’il manifestera, bien plus tard, au Centre Pompidou. En 1987, après sept ans d’enseignement, il présente et réussit le concours de l’Ecole nationale d’administration. Il intègre la promotion « Liberté, Egalité, Fraternité » et en sort troisième, en 1989. Dès lors, son engagement pour le service public est exemplaire. D’abord conseiller d’Etat, il est commissaire du gouvernement, avant d’être appelé en 1995 par François Bayrou, alors ministre de l’éducation nationale, pour créer une direction des affaires juridiques. Il devient ensuite l’adjoint du secrétaire général du gouvernement, Jean-Marc Sauvé, avant de lui succéder en octobre 2006.
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