vendredi, mai 17

Il y a des moments inéluctables, où d’un seul coup le monde d’avant tremble sur ses bases et vacille sous nos pieds. C’est ce qui est en train de se produire à l’hôpital. Depuis quelques jours, grâce au courage de certaines, la parole se libère. Le hashtag #metoohopital s’est rapidement installé sur les réseaux sociaux, ouvrant la voie à un tsunami de témoignages.

La situation de l’hôpital et la façon dont le sexisme et les discriminations y étaient installés étaient pourtant bien connues. Depuis des années, sous le couvert de cette culture « carabine », on se défendait comme on pouvait, pour ne pas nommer l’innommable. Remarques grivoises, regards appuyés, gestes tentés dans un coin de couloir ou d’ascenseur, mains baladeuses au bloc opératoires, répliques cinglantes à celles qui se refusent, violences, aussi bien morales que physiques.

Mais surtout, ce grand silence, épais, douloureux, inébranlable, ultime rempart du déni. La crainte des conséquences sur sa carrière, l’entre-soi, la banalisation de ces comportements, l’impunité trop souvent constatée maintenaient encore et toujours ce silence.

En 2020, l’association Donner des elles à la santé dénonçait déjà, en parfaite adéquation avec cette grande cause du quinquennat qu’est l’égalité entre les femmes et les hommes, ces médecins et ces soignantes, invisibilisées et réduites au silence, face à l’impossibilité de libérer la parole.

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Il aura fallu attendre encore quatre ans. Quatre années de sourires en coin. Quatre années où, au nom de cette « culture » médicale, vestige des salles de garde, on défendait l’attitude de ceux qui se permettaient tout. Quatre années à tenter de briser l’omerta, pour que cet hôpital qui nous a formées, dont nous connaissons les failles mais aussi les qualités, que nous respectons et pour lequel nous nous battons tous les jours, ne reste pas le dernier bastion du sexisme, une autre « grande muette » en retard de tous les combats, pointée du doigt par celles et ceux qui croient en l’égalité parce qu’elle est source de performance, de progrès médical et d’amélioration de la prise en charge des plus vulnérables.

Un perpétuel défi

Quatre années où nous n’avons jamais douté de la pertinence de notre combat, mesurant patiemment, une année après l’autre, l’évolution lente de cette réalité. Quatre années passées à mettre en lumière, sensibiliser et convaincre. Avec, à la clé, de plus en plus de soutiens, au sein de la gouvernance hospitalière comme au plus haut niveau de l’Etat.

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Malgré des engagements sincères et motivés des institutions, le parcours pour permettre la sanction des auteurs, surtout quand ils sont médecins, est émaillé de multiples étapes lourdes, complexes, au résultat plus qu’incertain. Mener des enquêtes sur ce type de violences demeure complexe : il faut recueillir des témoignages, revenir sur des faits, parole contre parole.

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