dimanche, décembre 21

Fusils dans une main et smartphones dans l’autre, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) se sont enfoncés, hilares, fin octobre, dans les faubourgs d’El-Fasher, au cœur du Darfour, pour y perpétrer leurs crimes : un nettoyage ethnique filmé, mais dont l’ampleur reste inconnue. La prise de cette ville de l’ouest du Soudan, assiégée pendant un an et demi, marque un tournant majeur dans la guerre commencée en 2023 et que l’ingérence de puissances étrangères ne fait qu’intensifier. Alors que se profile le scénario d’une partition, le conflit soudanais menace désormais de déstabiliser la région tout entière.

Depuis son indépendance en 1956, le pays des deux Nils n’est jamais parvenu à s’extraire du cycle des violences opposant le centre historique – la capitale Khartoum et la vallée du Nil – aux périphéries marginalisées. Cette nation pluriethnique, à la fois arabe et africaine, n’a jamais résolu ces tensions structurelles qui ont abouti, en 2011, à la naissance du plus jeune Etat souverain, le Soudan du Sud, au prix de deux décennies de combats et de 2 millions de morts. Aujourd’hui encore persiste le risque de la dislocation.

Si l’histoire semble se répéter au Soudan, tout indique que la situation se dégrade. Le pays est submergé par la guerre implacable à laquelle se livrent deux généraux autrefois alliés pour confisquer la révolution populaire qui renversa, en 2019, le dictateur Omar Al-Bachir : Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, chef des forces armées soudanaises (FAS) et président de facto de son bastion de Port-Soudan, et Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », à la tête des FSR, ex-leader de milices janjawids actives lors du génocide darfouri de 2003-2004.

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