vendredi, mai 17

Soudain, un campement de soutien à Gaza a éclos dans une université de Salt Lake City, au cœur de l’Utah. Aucune manifestation ayant trait au Proche-Orient n’avait eu lieu jusque-là sur un campus décrit par la Princeton Review comme l’un des moins actifs politiquement des Etats-Unis. L’occupation a été suivie d’incidents. Lundi 29 avril dans la nuit, la police antiémeute a chargé et procédé à dix-neuf arrestations.

Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés Aux Etats-Unis, le campus de Columbia en état de siège sur fond de guerre à Gaza

Le gouverneur républicain de l’Etat, Spencer Cox, a énuméré la liste des actes non protégés par le premier amendement de la Constitution sur la liberté d’expression – violence, dégâts matériels, camping dans les établissements – mais l’American Civil Liberties Union (ACLU) a répondu que le rôle des universités n’est pas de « réprimer les protestations », même si elles sont « bruyantes, gênantes et offensives aux yeux des autres ».

Illustration surprenante d’une contestation – jusque-là confinée à l’est du pays et à Austin, au Texas, où elle est sévèrement réprimée par le gouverneur républicain Greg Abbott –, qui s’étend désormais à tout le pays. Ses promoteurs évoquent la guerre du Vietnam ou la lutte contre l’apartheid, mais la mobilisation, amplifiée par les réseaux sociaux, concerne encore des effectifs réduits et la police a procédé à « seulement » 1 500 arrestations au total, selon la chaîne CNN. Partout, les autorités sont sur le fil du rasoir entre maintien de l’ordre, liberté d’expression et dérive antisémite.

Un ultimatum

Columbia, à New York, reste l’épicentre de la contestation. Mardi 30 avril, devant l’université de Manhattan, c’était l’accalmie avant la tempête, le bouclage de l’établissement avant son évacuation par la police de la ville dans la soirée et son cortège d’arrestations. Non seulement les protestataires (quelques centaines sur 36 000 étudiants) avaient bravé l’ultimatum fixé par la présidente de l’université pour retirer leurs tentes d’une pelouse au cœur du campus, mais ils avaient investi le bâtiment Hamilton, célèbre pour avoir été occupé en 1985 lors des appels au boycott de l’Afrique du Sud encore en plein apartheid. Le bâtiment a même été brièvement rebaptisé « Hind’s Hall » en l’honneur de Hind Rajab, 6 ans, tuée cet hiver à Gaza aux côtés de sa famille.

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Cette humiliation de la direction de Columbia était surtout inacceptable pour Joe Biden. « Le président Biden respecte le droit à la liberté d’expression, mais les manifestations doivent être pacifiques et légales. S’emparer de bâtiments par la force n’est pas pacifique – c’est mal », affirmait mardi 30 avril la Maison Blanche, précisant que le président américain condamnait « les diffamations antisémites » ainsi que l’« usage du mot “intifada” ».

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