La France déconseille à ses ressortissants y compris binationaux de se rendre en Azerbaïdjan, « sauf raison impérative », selon une consigne aux voyageurs publiée mercredi 4 septembre par le centre de crise et de soutien du ministère des affaires étrangères. Le Quai d’Orsay estime que les voyageurs français dans ce pays s’exposent à « un risque d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable ». « Ce risque peut concerner notamment les personnes effectuant une simple visite touristique, un voyage d’affaires », ajoute le texte, précisant que, « en cas d’arrestation ou de détention, le respect des droits fondamentaux n’est pas garanti ».
« Nous condamnons fermement l’avertissement sévère aux voyageurs », a réagi Ayxan Hacizada, le porte-parole du ministère des affaires étrangères azerbaïdjanais, dénonçant « des allégations infondées » et appelant Paris à mettre fin à la « campagne de diffamation ». Il y voit en outre une intention de la France de « détériorer davantage ses relations avec l’Azerbaïdjan ».
« Cette affirmation infondée est une distorsion de la réalité », poursuit-il. « Jusqu’à présent, un seul citoyen de la République française, Martin Ryan, a été arrêté en Azerbaïdjan, soupçonné d’avoir commis un acte [espionnage] interdit par l’article 276 du code pénal de la République d’Azerbaïdjan ». Le porte-parole évoque aussi l’arrestation d’un autre citoyen français « pour un acte commis dans le métro de Bakou ».
Dans son avertissement aux voyageurs, Paris estime que tout Français arrêté s’expose « à un placement en détention provisoire, ou une interdiction de sortie du territoire, dont la durée peut s’étendre sur plusieurs mois ; à de lourdes condamnations à des peines d’emprisonnement au terme de procès qui peuvent ne pas respecter les droits de la défense ».
Les relations bilatérales entre les deux pays sont tendues. Bakou reproche à la France d’être une alliée majeure de l’Arménie, qui a soutenu pendant trois décennies des séparatistes dans la région disputée du Haut-Karabakh, finalement reconquise entièrement par l’armée azerbaïdjanaise en septembre 2023. Paris, pour sa part, a accusé Bakou de chercher à s’ingérer dans sa politique intérieure, en particulier lors de la crise en Nouvelle-Calédonie, un territoire français d’outre-mer secoué depuis mai par un mouvement de révolte meurtrier.