samedi, octobre 5

En janvier, Joan Miró a fait sensation sur Instagram. L’artiste catalan (mort en 1983) n’avait certes pas besoin de cela. N’empêche, il a gagné un nouveau public d’admirateurs. Celui du créateur de mode Simon Jacquemus, virtuose de la communication, dont la marque compte 6,4 millions d’abonnés sur Instagram. Le styliste a organisé le défilé de sa collection printemps-été 2024 à la Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence. Depuis, sourit Nicolas Gitton, directeur de la fondation, « des jeunes très stylés viennent poser en dessous de L’Arc [une sculpture en forme d’arche signée Miró et installée dans les jardins de l’institution] et diffusent les images sur les réseaux sociaux ».

Miró n’est pas le seul à avoir pris un coup de jeune. En cette année 2024, c’est toute la Fondation Maeght qui connaît un nouvel élan. Le 29 juin, à l’occasion de son soixantième anniversaire, ce lieu marquant de la création du XXe siècle, où la liste des artistes exposés a des airs de Who’s Who de l’art moderne, a vu les choses en grand. L’espace, qui attire environ cent cinquante mille visiteurs par an et est l’un des jalons du riche parcours de l’art moderne sur la Côte d’Azur, a inauguré une extension. Aux 850 mètres carrés d’espaces ­d’exposition d’origine s’en ajoutent 500 creusés dans les sous-sols. Le terrain s’étendant sur une colline, la cave donne sur la pinède et offre une vue aussi minérale que végétale.

Mais où est-on exactement ? Dans « une piscine couverte, un hôpital ultra-moderne, une usine atomique ou un temple tibétain ? », s’interrogeait la femme de lettres Elvire de Brissac dans Le Monde, le 24 juillet 1964, au moment de l’inauguration de ces « bâtiments semblables à un ébat de mouettes ». Et de décrire l’architecture du Catalan Josep Lluís Sert : « Constructions où la brique cuite le dispute à la pierre patinée et la chaux au verre, toits blancs incurvés, dont les angles sont relevés comme des feuilles de papier où jouerait le vent, fleurs et fresques, sculptures sous les pins, bassins et patios, terrasses et murets : c’est toute une harmonie en fauve, vert sombre et blanc qu’offre la première vision de la Fondation Maeght. »

L’ombre d’un fils décédé

Les travaux du soixantième anniversaire ont duré plus d’un an et demi. « Et cela ne se voit pas ! L’esprit de mes grands-parents est respecté », lance fièrement Isabelle Maeght, administratrice générale de la Fondation, petite-fille d’Aimé et Marguerite Maeght. Il y a six décennies exactement, en compagnie de ses sœurs, Florence et Françoise, elle tendait, à l’âge de 9 ans, au ministre des affaires culturelles André Malraux un coussin de velours rouge sur lequel étaient posées les clés du lieu. A ses côtés, ses grands-parents, pour qui cette fondation était tout sauf un violon d’Ingres.

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