lundi, mai 13
Des membres du syndicat agricole FNSEA alors que le ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau (au centre) s’exprime lors du 78e congrès national du syndicat agricole FNSEA à Dunkerque, le 28 mars 2024.

C’est peu dire que l’accueil prévu pour le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, chargé de clôturer le 78e congrès annuel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) à Dunkerque (Nord), jeudi 28 mars, n’avait rien de chaleureux. Les représentants du syndicat agricole, rassemblés dans l’amphithéâtre, s’étaient vus distribuer des panneaux indiquant leur région de provenance et les différentes revendications, de l’usage des phytosanitaires à ceux des NGT (« New Genomic Techniques », les nouveaux OGM) en passant par un plan élevage ou des stockages d’eau.

Une opération de communication orchestrant le rappel des mobilisations organisées en janvier et février. Cette assemblée devait accueillir le ministre dans le silence, même si des interpellations ont fusé avant d’être vite réprimées et si des battements de pied au sol ont résonné dans la salle. D’autres interpellations se sont fait entendre à la fin du discours, comme prévu. Sur l’estrade, dans le dos du ministre, dix-neuf membres du conseil d’administration de la FNSEA, dont une seule femme, étaient assis. Une première pour ce type d’exercice.

Dans ce contexte, M. Fesneau, « pris comme un lapin devant une meute de chasseurs », comme l’a décrit un adhérent syndical, a déroulé son discours à toute vitesse. Une manière, peut-être, de prouver que le gouvernement suivait le tempo fixé par la FNSEA qui lui reproche de ne pas avoir le bon rythme ? Le ministre a donc rappelé que le gouvernement s’était « engagé sur 62 puis 67 mesures », avant d’ajouter qu’« elles ne sortent pas de nulle part, c’est le produit d’un dialogue avec vos responsables nationaux », et de préciser : « Je suis celui qui fait avec vous. » Difficile d’être plus explicite sur le pilotage par la FNSEA de la politique agricole du gouvernement. Une « cogestion » souvent dénoncée par les autres syndicats agricoles, comme la Confédération paysanne ou la Coordination rurale.

« Comment et quand ? »

Un peu plus tôt, Arnaud Rousseau, le président du premier syndicat agricole français, avait fustigé « ceux qui nous jouent le vieux disque rayé de la cogestion, nous, à la FNSEA, nous faisons des propositions, nous obtenons des avancées. Nous sommes fiers du travail accompli, nous n’allons pas changer ». Avant le congrès, il avait d’ailleurs remis la pression sur le gouvernement en déclarant : « Pour les 62 mesures annoncées par le gouvernement, nous demandons : comment et quand ? »

M. Fesneau a donc détaillé une nouvelle fois l’ensemble des mesures prises depuis le début de la colère agricole, tentant de préciser les calendriers. En préambule, il a souligné, qu’à la demande de la FNSEA, l’agriculture sera déclarée d’intérêt général majeur dans la prochaine loi agricole. Une déclaration qui donnera plus de poids à l’agriculture face aux enjeux environnementaux dans la réalisation de certains projets. Il a précisé que le texte sera, après un nouveau report, finalement présenté mercredi 3 avril, en conseil des ministres, puis soumis à l’Assemblée nationale mi-mai et au Sénat la deuxième quinzaine de juin.

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