« Les soldats de la paix de la Finul restent dans toutes leurs positions et le drapeau des Nations unies continue de flotter [dans le sud du Liban] » : par la voix de son porte-parole, Stéphane Dujarric, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a opposé une fin de non-recevoir, dimanche 13 octobre, à la demande de retrait de la force internationale des « bastions du Hezbollah et des zones de combat » que lui avait adressée le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. M. Guterres a dénoncé les récents tirs israéliens contre des positions de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).
Plus d’une fois, depuis ses débuts, la présence de la force des Nations unies a été jugée indésirable par une kyrielle d’acteurs. Elle a été instaurée en 1978, en pleine guerre du Liban, à la suite de la première invasion du sud du pays du Cèdre par Israël. L’objectif affiché de l’Etat hébreu est alors de repousser les fedayins palestiniens qui, de cette région, mènent une guerre de harcèlement. La diplomatie libanaise, inquiète d’une partition du pays et des ambitions territoriales d’Israël, bataille pour l’adoption de la résolution 425, qui exige le retrait des forces israéliennes. « Confirmer » leur départ, un vœu qui va rester pieux – l’occupation va durer vingt deux ans –, est le principal mandat assigné à la Finul.
Assurer la sécurité des habitants
Dans le chaos qui prévaut dans le Sud, les hommes de la Finul découvrent bien vite que leur mission va « probablement comporter autant de sang et de larmes que de bronzette », selon la formule du journaliste britannique Robert Fisk (1946-2020) dans son livre Liban, nation martyre (A & R et du Panama, 2007). Des groupes palestiniens lancent des attaques contre les soldats de la force. Mais la principale force qui combat la Finul au tournant des années 1980 est la milice armée par Israël et à ses ordres, l’Armée du Liban sud (ALS). L’Etat hébreu lui a confié la gestion de la « ceinture de protection », une bande de territoire le long de la frontière. Les attaques menées par l’ALS, en concertation avec l’armée israélienne n’ont qu’un objectif : faire partir la Finul. Mais il n’est pas atteint. La présence de celle-ci permet, dans les villages où elle est déployée, d’assurer une relative sécurité aux habitants.
Les casques bleus sont toujours en mission lorsque l’armée israélienne finit par se retirer du sud du Liban, en 2000. Elle a été longuement combattue, dans la « ceinture de protection » qu’elle a élargie après sa seconde invasion du Liban en 1982, par une guérilla – menée d’abord par les communistes et par les miliciens du mouvement chiite Amal, puis par le Hezbollah. Ce dernier aussi vise, dans les années 1980, la Finul, qu’il perçoit « comme un instrument de l’“arrogance globale” pour la protection d’Israël », note David Hirst, un autre journaliste britannique, dans Une histoire du Liban (Perrin, 2011).
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