samedi, septembre 28

INTERNATIONAL – Déflagration en perspective. En annonçant la mort du puissant chef du Hezbollah Hassan Nasrallah ce samedi 28 septembre, Israël a frappé un grand coup dans la lutte contre le mouvement chiite libanais. Une mort désormais confirmée par le Hezbollah, au moment où de nombreuses voix s’élèvent pour évoquer les graves répercussions que pourrait avoir son élimination pour la région.

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Peu de temps après la frappe israélienne qui a causé sa mort, il avait été précisé par une source proche du mouvement que le leader « allait bien ». « Le contact avec Hassan Nasrallah est perdu depuis vendredi soir », a ensuite nuancé une source proche du mouvement pro-iranien. Avant de finalement confirmer sa mort à la mi-journée. D’après la version de Tsahal, celle-ci a eu lieu vendredi soir, lors d’un raid aérien d’envergure sur la banlieue sud de Beyrouth où se trouvait « le quartier général central du Hezbollah ».

« Coup de tonnerre » pour la région

À la tête du Hezbollah depuis 32 ans, Hassan Nasrallah est considéré comme un pilier majeur de l’influence iranienne dans la région. Figure cruciale de ce que Téhéran et ses soutiens nomment « l’axe de la résistance », alliance historique entre l’Iran, la Syrie et les différentes armées pro-iraniennes au Moyen-Orient, le chef du Hezbollah fait l’objet d’un véritable culte au Liban.

Raison pour laquelle le média libanais francophone L’Orient – Le Jour écrivait ce samedi matin que le fait que le parti chiite n’ait pas tout de suite donné d’indications sur son état de santé était « un signe inquiétant ». Le média redoute d’ailleurs « un coup de tonnerre » sans commune mesure dans la région depuis plusieurs décennies. Et L’Orient – Le Jour d’estimer qu’une confirmation de sa mort serait un événement encore plus important que l’assassinat en 2020 du général iranien Qassem Soleimani sur ordre de Donald Trump, ou celui d’Oussama Ben Laden en 2011, déjà sur ordre des États-Unis. Ce qui est désormais le cas.

De son côté, The Guardian parle de « l’escalade la plus alarmante depuis près d’un an de guerre entre le Hezbollah et Israël ».

Homme de religion âgé de 64 ans, Hassan Nasrallah est depuis 1992 le secrétaire général et guide religieux du Hezbollah et donc considéré comme l’un des dirigeants naturels du Liban. La BBC souligne d’ailleurs que son influence a permis au Hezbollah, qui existait initialement comme « une petite milice locale » de devenir grâce à la nomination de commandants fidèles par Hassan Nasrallah « la force non étatique la plus puissante du monde ».

« Avec l’aide du Corps des gardiens de la révolution iranienne, Nasrallah a supervisé la constitution d’un énorme arsenal de missiles, dont une grande partie subsiste aujourd’hui sous terre », note un correspondant de la BBC pour témoigner de cette influence sur la région. Parmi ces autres faits d’armes, Le Monde note le rôle des forces armées du Hezbollah dans le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban en 2000. Sans oublier la guerre de 33 jours avec Israël en 2006, où les troupes d’Israël avaient également été tenues en échec par le Hezbollah.

Un genou à terre

Vivant dans la clandestinité depuis des années, Hassan Nasrallah est rarement apparu en public. Sans que le culte de la personnalité qui l’entoure ne faiblisse. La dernière fois qu’il avait été vu, c’était le 19 septembre, à l’occasion d’une allocution télévisée en réaction aux explosions de bipeurs et talkies-walkies du Hezbollah qui ont fait plus de 3 000 blessés et 37 morts.

La confirmation de sa mort devrait donc avoir des conséquences importantes. À commencer par une possible intensification de la présence iranienne dans le conflit avec Israël, d’autant que le Hezbollah libanais semble se trouver dans un état de « confusion », de « panique » et de « terreur », selon Maya Khadra, journaliste franco-libanaise et présidente de l’association Avenir France Liban, citée par BFMTV. Pour comprendre cet état d’esprit, elle résume la situation ainsi : « C’est son chef depuis les années 1980 qui vient d’être tué (…) en plein fief ultra-sécurisé de Beyrouth ».

Les agissements d’Israël ces derniers jours, entre l’explosion des systèmes de communication du mouvement chiite suivie de l’intensification des frappes sur le Liban ont mis en lumière les failles de sécurité et d’organisation du Hezbollah. Avec la mort de son leader, Israël pourrait bien avoir porté un coup fatal au mouvement libanais. Hassan Nasrallah n’est d’ailleurs pas le seul haut placé du Hezbollah à avoir été déclaré mort ces dernières heures. Israël dit avoir aussi éliminé Ali Karaké à Beyrouth, identifié comme le commandant du front sud du Hezbollah, et plus largement « la plupart » des hauts dirigeants du mouvement.

En Iran, des mesures d’urgences ont d’ailleurs été prises ce samedi pour protéger le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, comme l’indiquent plusieurs sources à Reuters. Le guide suprême iranien a été transféré dans un lieu sûr, preuve de la grande vulnérabilité du Liban et de ses alliés face à l’offensive d’Israël.

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