dimanche, septembre 29

Les nanomatériaux, situés à l’échelle microscopique de 1 milliardième de mètre, sont à manipuler et à doser avec précaution, car ils présentent des risques pour la santé des êtres vivants, dont l’humain. D’autant que ces nanoparticules sont insolubles ou biopersistantes. A l’heure où la société fait la chasse aux nanoparticules et aux perturbateurs endocriniens, il serait malvenu que les nanomatériaux deviennent un péril. Dans les cosmétiques, les aliments ou encore l’air ou l’eau, les « nanos » peuvent avoir des effets indésirables.

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« Les risques liés à l’exposition aux nanomatériaux sont variés. Le plus généralement, ce sont des effets de type inflammatoires, sur des modèles cellulaires ou animaux. Chez les travailleurs, la préoccupation principale concerne la voie inhalatoire, en particulier pour ceux qui fabriquent les nanomatériaux », explique Emmanuel Flahaut, docteur en science des matériaux et directeur de recherche au CNRS.

Il y a dix ans, dans le livre Nanotoxiques (Actes Sud, 2014), l’auteur Roger Lenglet affirmait que les nanos étaient aussi dangereuses que l’amiante, laquelle provoque cancer du poumon et mésothéliome. Pour éviter que les nanoparticules utilisées comme filtre ultraviolet, colorant ou encore conservateur ne tournent mal, plusieurs règlements européens contraignants existent, tels que Reach (autorisation de produits chimiques avant leur mise sur le marché), CLP (étiquetage des substances) ou encore le règlement « relatif aux produits cosmétiques » (notification avant commercialisation et substances interdites).

Pas d’harmonisation internationale

Mais ces garde-fous sont-ils vraiment respectés ? De plus, il n’existe pas encore d’harmonisation internationale. « En France, des contrôles sont pratiqués. S’ils restent insuffisants, c’est essentiellement faute de moyens pour les mettre en œuvre. A ma connaissance, cela concerne essentiellement l’obligation d’étiquetage – mention “[nano]” pour les ingrédients concernés – dans les secteurs alimentaire, biocide et cosmétique », explique Emmanuel Flahaut.

C’est la direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), à Bercy, qui contrôle les produits contenant des nanomatériaux. Par exemple, elle enquête chaque année sur les crèmes solaires. Seulement cinq filtres solaires sont autorisés sous forme de nanomatériaux, comme le dioxyde de titane ou l’oxyde de zinc.

« Neuf produits (essentiellement de maquillage : highlighter, fards à paupières, gloss…) contenant des nanomatériaux non autorisés par le règlement “cosmétiques”, en particulier de l’oxyde de fer et du dioxyde de titane, ont été retirés volontairement du marché par les professionnels concernés », assure la DGCCRF, après contrôle de soixante-dix professionnels et analyse de trente. Il s’agit le plus souvent du non-respect des limites de taille des particules ou dans l’absence d’étiquetage « nano » obligatoire. « Le registre R-Nano [créé en France en 2013 pour y lister les substances nanoparticulaires à déclarer obligatoirement] ne contient aucune information relative ni aux dangers ni à l’exposition », regrette Emmanuel Flahaut.

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