dimanche, janvier 5

Un mois après la déclaration de la loi martiale par le président conservateur, Yoon Suk Yeol, la crise politique se prolonge en Corée du Sud. La mobilisation massive d’une population attachée aux valeurs démocratiques a abouti à la destitution du dirigeant, en attente de la validation de la Cour constitutionnelle. Cette crise profonde illustre les dérives d’une culture politique polarisée et marquée par un déséquilibre des pouvoirs, avec un président trop puissant.

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« Au cours des derniers cycles politiques, la revanche contre les adversaires est devenue une caractéristique majeure de la politique sud-coréenne, analysent Sun Ryung-park et Yves Tiberghien, de l’université de Colombie-Britannique. Ce phénomène, combiné avec le mécontentement qui a suivi la pandémie de Covid-19 et à l’augmentation des inégalités, a rendu la polarisation politique particulièrement toxique. Chaque camp est enfermé dans une bulle sur les réseaux sociaux et considère l’autre comme une menace existentielle. »

La société est traversée par des conflits intergénérationnels, entre hommes et femmes, entre pauvres et riches, mais aussi entre origines régionales. Lors de la présidentielle de 2022, M. Yoon l’a emporté au terme d’une campagne particulièrement délétère, en profitant du soutien des jeunes hommes en colère face à la montée du féminisme et d’un rejet des politiques économiques de son prédécesseur, le progressiste Moon Jae-in (2017-2022). La gauche est plus que jamais accusée de complicité avec la Corée du Nord ; c’est l’argument utilisé par M. Yoon pour justifier la loi martiale. La droite se voit reprocher une certaine bienveillance envers des dictatures passées et des positionnements révisionnistes sur la colonisation japonaise (1910-1945).

« Rois de fait »

« Avec une présidentielle à un tour, le vainqueur prend tout, ce qui accentue la bipolarisation, observe Kim Dong-yeon, gouverneur démocrate de la province de Gyeonggi. Notre pays élit pour un mandat unique des présidents qui sont des rois de fait, car leurs pouvoirs sont importants. Puis le roi est tué (politiquement parlant) et un nouveau est élu cinq ans plus tard », ajoute Jeong Nam-ku, rédacteur en chef du quotidien de centre gauche Hankyoreh. Visés par des enquêtes commandées par leurs successeurs, la plupart finissent en prison.

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