dimanche, novembre 24

La vente de la division de santé grand public de Sanofi n’est qu’une manifestation parmi d’autres du désengagement progressif des acteurs pharmaceutiques du marché des médicaments dits « matures » – c’est-à-dire les médicaments mis au point il y a plusieurs années, voire plusieurs décennies, depuis longtemps « génériqués », et vendus à bas prix.

Le phénomène est bien connu des économistes : ces médicaments n’étant plus protégés par un brevet, c’est-à-dire par un droit de propriété, les prix chutent et le marché ne parvient plus à les produire en quantités suffisantes. Inéluctablement, des ruptures d’approvisionnement mettent en danger de nombreux patients qui ne parviennent pas à obtenir le traitement prescrit par leur médecin.

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L’Etat, en matière de produits de santé, n’intervient pas directement sur le marché par la production ou la distribution. Il exerce une mission de régulation, en essayant de concilier des objectifs a priori contradictoires : l’accès aux médicaments pour le plus grand nombre, la maîtrise des dépenses de santé et l’attractivité industrielle. Cependant, cette régulation ne suffit plus.

Offre durablement trop basse

La pression budgétaire conduit l’Etat à tirer les prix des médicaments vers le bas – le secteur pharmaceutique apparaissant par ailleurs comme une source d’économies politiquement acceptable. Pour 2025, le gouvernement envisage ainsi plus de 1 milliard d’euros de baisse de prix sur les produits de santé. Or, dans un contexte de concurrence internationale, les laboratoires priorisent les pays proposant les prix de médicaments les plus élevés – ce n’est pas le cas de la France. En parallèle, les laboratoires s’orientent vers la commercialisation de médicaments innovants, lesquels sont protégés par un brevet et prétendent à des prix très élevés. Ils jouent ainsi leur rôle social en repoussant les frontières de la connaissance en santé pour améliorer nos conditions de vie.

Faut-il, dès lors, envisager l’hypothèse d’une hausse des prix en faveur des médicaments matures pour inciter les industriels à garantir leur disponibilité en France ? Il peut s’agir d’une solution pertinente, bien qu’elle pose deux questions essentielles. Tout d’abord, jusqu’à quel niveau faut-il faire monter les prix pour être certain que la France redevienne suffisamment attractive pour les laboratoires pharmaceutiques ? Ensuite, cette politique est-elle éthique vis-à-vis des pays ne disposant pas des mêmes capacités budgétaires ? Tout le paradoxe est là : face à une offre durablement trop basse, alors qu’il existe des dizaines de substituts génériquables, la remontée des prix peut être sans limite et se ferait au détriment d’investissements publics essentiels.

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