Un mystère de plus autour de la comète 3I/ATLAS. Observé sous toutes les coutures depuis qu’il a été repéré dans notre système solaire en juillet dernier, cet objet interstellaire se distingue par sa masse et sa vitesse, mais aussi par certains éléments qui aiguisent la curiosité de la communauté scientifique.
Il y a quelques jours, une équipe de chercheurs espagnols avait par exemple suggéré que les caractéristiques de 3I/ATLAS laissent penser qu’il s’agit d’un « objet extraordinairement ancien », datant de 10 milliards d’années. Selon une autre étude récente, la comète aurait également pour particularité de libérer de grandes quantités d’eau.
Une « activité hydrique » repérée sur 3I/ATLAS
Dans un article publié fin septembre par The Astrophysical Journal Letters, des astronomes de l’Université d’Auburn (Etats-Unis) affirment avoir détecté une « activité hydrique » pour le moins inhabituelle chez 3I/ATLAS.
D’après cette étude, l’objet interstellaire expulserait ainsi de la vapeur d’eau en continu, ce qui indique qu’il contient d’importantes réserves hydriques, probablement sous forme de glace. Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs ont utilisé les données du télescope spatial Neil Gehrels Swift de la NASA.
Des ondes lumineuses repérées par un télescope spatial
Comme l’explique un communiqué publié sur Phys.org, ce télescope situé en orbite au-dessus de l’atmosphère terrestre ne subit pas les interférences et les perturbations provoquées par cette dernière et « peut voir des longueurs d’onde ultraviolettes qui sont presque entièrement absorbées avant d’atteindre la surface » de notre planète.
En scrutant 3I/ATLAS, le télescope Swift a ainsi pu repérer des ondes lumineuses invisibles pour les télescopes terrestres. D’après les chercheurs, ces émissions ultraviolettes seraient des indices indubitables de la présence d’hydroxyle (OH), un sous-produit de l’eau, dans le sillage de la comète.
3I/ATLAS trop éloignée du Soleil pour pouvoir libérer de l’eau ?
Cette dernière expulserait donc de l’eau sur son passage, un comportement déjà observé à maintes reprises chez d’autres comètes. Ce qui est en revanche beaucoup moins banal, c’est que ces observations ont pu être faites alors même que 3I/ATLAS se trouvait à 3 unités astronomiques (UA) du Soleil, soit trois fois la distance entre la Terre et ce dernier.
Au moment où les émissions ont été observées, la comète se situait ainsi « bien au-delà de la région où la glace d’eau à la surface d’une comète peut facilement se sublimer » sous l’action du Soleil. Dit autrement, elle ne devrait pas être en mesure de rejeter de la vapeur d’eau étant donné son éloignement par rapport à notre étoile.
Un débit comparable à « une lance à incendie fonctionnant à plein régime »
La quantité d’eau expulsée en continu par 3I/ATLAS est cependant considérable. Selon les auteurs de l’étude, l’objet interstellaire émet de la vapeur au rythme de « 40 kilogrammes par seconde, soit à peu près le débit d’une lance à incendie fonctionnant à plein régime ».
Comment expliquer un tel débit alors que la comète devrait en théorie être inactive sur le plan hydrique ? Comme ils l’indiquent dans leur communiqué, les chercheurs ont émis l’hypothèse « que la lumière du soleil réchauffe les petits grains de glace libérés par le noyau, leur permettant de se vaporiser et d’alimenter le nuage de gaz environnant ».
Quand les comètes interstellaires bouleversent les connaissances astronomiques
Cette explication possible reste encore à confirmer, mais les scientifiques sont en tout cas persuadés que cette découverte devrait en amener d’autres et que la comète 3I/ATLAS constitue un sujet d’étude de nature à bouleverser les connaissances astronomiques, au même titre que les précédents objets interstellaires qui ont pu être observés par l’homme.
« Jusqu’à présent, toutes les comètes interstellaires ont été une surprise, indique le Dr Zexi Xing, autrice principale de l’étude. ‘Oumuamua était sèche, Borisov était riche en monoxyde de carbone, et maintenant 3I/ATLAS libère de l’eau à une distance du Soleil inhabituelle. Chacune d’entre elles réécrit ce que nous pensions savoir sur la formation des planètes et des comètes autour des étoiles. »
« Les ingrédients chimiques nécessaires à la vie ne sont pas propres à notre système »
« Lorsque nous détectons de l’eau, ou même son faible écho ultraviolet, OH, provenant d’une comète interstellaire, nous lisons un message provenant d’un autre système planétaire, complète le Dr Dennis Bodewits, co-auteur de l’étude. Cela nous indique que les ingrédients chimiques nécessaires à la vie ne sont pas propres à notre système. »
Dans les mois à venir, 3I/ATLAS devrait ainsi livrer de nouveaux indices précieux pour la communauté scientifique. Si elle est actuellement invisible depuis la Terre, car elle passe en ce moment derrière le Soleil, la comète devrait revenir dans notre champ de vision vers la mi-novembre et attirer de nouveau les regards des astronomes du monde entier.




