vendredi, mai 17
Le Brésilien Adriano Pedrosa, directeur artistique du Musée d’art de Sao Paulo -Assis Chateaubriand et directeur du département des arts visuels de la Biennale de Venise, le 16 avril 2024, à Venise.

« Cette exposition est une provocation », a déclaré le commissaire invité de la soixantième Biennale de Venise, le Brésilien Adriano Pedrosa. En quoi ? Parce qu’il y procède à un renversement entre les différentes parties du monde.

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Depuis sa fondation en 1895, la Biennale a été dominée par les créations occidentales – Europe et Amérique du Nord –, et extrême-orientales – Japon, Corée, Chine – plus récemment. L’Afrique, l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient ne pesaient guère. Depuis une vingtaine d’années, expositions et publications ont démontré combien cette vision était fausse et indissociable des impérialismes et des colonialismes.

Un mouvement simultané a procédé à la réévaluation d’une autre « catégorie » jusqu’alors aussi maltraitée, les artistes femmes. La Biennale 2022, dirigée par Cecilia Alemani, était vouée à leur cause. Celle d’aujourd’hui continue le travail, sur l’autre front. A vrai dire, elle ne peut être une provocation que pour les esprits les plus engoncés dans leurs certitudes mortes, car elle vient tard par rapport à l’évolution des idées et des débats. Elle n’en est pas moins nécessaire : ce coup de force devrait rétablir l’équilibre entre les mondes. Du moins peut-on l’espérer.

Adriano Pedrosa, comme ses prédécesseurs, a disposé de deux lieux, où il a accroché 331 artistes, un record : le grand pavillon international aux Giardini et la première moitié de l’Arsenal. Les autres pavillons et l’autre moitié de l’Arsenal reçoivent les représentations nationales choisies par les pays participants. Là où il avait la main, le commissaire a voulu agir sur le passé et sur le présent. Il s’est engagé dans une entreprise difficile, vouée à demeurer incomplète et contestable : montrer une histoire de la peinture moderne – la sculpture est à peine traitée – dont l’Occident est exclu, en dépit de la circulation constante des idées, des styles et des artistes au XXe siècle.

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Abstraites ou figuratives, les œuvres rassemblées sont signées d’artistes nés hors d’Europe, qu’ils y soient venus plus tard ou non, et d’autres, Européens de naissance, qui ont été contraints à l’exil, pour des raisons politiques ou économiques. L’effet positif de cette décision est que l’on n’avait jusqu’ici jamais vu à Venise autant d’inconnues et d’inconnus.

Une marée de banalités et de pastiches

Passé l’entrée du pavillon international des Giardini, où un néon du collectif Claire Fontaine donne son nom à la Biennale – « Foreigners Everywhere » (« étrangers partout ») –, on entre donc dans une rotonde consacrée à l’abstraction.

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