mercredi, octobre 23

L’an dernier, plus de cinq millions de voitures d’occasion ont été achetées en France.
Méfiance si vous sautez le pas : une voiture sur dix en circulation est trafiquée et son compteur kilométrique modifié.
La pratique a beau être interdite, elle a presque doublé en un an.

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Auto

Les ventes de véhicules d’occasion se portent très bien. Trop bien, peut-être, car certains en profitent déjà : une voiture d’occasion sur dix en circulation a un compteur kilométrique modifié. Une pratique interdite, mais qui a presque doublé en un an. Alors pour éviter toute mauvaise surprise, nous avons demandé les conseils d’un garagiste avec une voiture amenée par nos soins, qui affiche 141.000 kilomètres. 

On arrive à se brancher directement sur le calculateur et du coup à modifier tous les éléments ou presque du véhicule

Hugo Pedro, garagiste à Vanves (92)

Comment savoir s’il s’agit du vrai kilométrage ? Premier indice, l’usure des sièges. « Quand un véhicule a plus de 100.000 km, quand c’est du cuir, le cuir s’use tout de suite beaucoup plus », explique Hugo Pedro, garagiste à Vanves (Hauts-de-Seine). Autre pièce à regarder de près, le volant, le pommeau de vitesse, mais aussi les moquettes. Et surtout, l’état des pédales. « Sur un véhicule qui va avoir 200 000 km, on va voir que les rainures au niveau du caoutchouc de pédale vont être beaucoup plus usées, voire lisses », ajoute le professionnel.

Pour les experts, le moyen infaillible de déceler une fraude, c’est d’utiliser cette valise électronique. Capable de repérer toute modification du kilométrage. Regardons maintenant dans le rétro. À l’époque des compteurs mécaniques, les escrocs utilisaient une perceuse pour changer les chiffres. L’arrivée des compteurs électroniques a-t-elle rendu la tâche plus complexe ? Pas vraiment. « Dans l’électronique, on fait un peu ce qu’on veut. On arrive à se brancher directement sur le calculateur et du coup à modifier tous les éléments presque du véhicule », précise Hugo Pedro.

Le « kilométrage garanti », un élément marketing ?

Il est effectivement facile de se procurer sur internet ce type de boîtier qui, en une fraction de seconde, fait baisser les kilomètres et augmenter le prix de vente. Dès lors, que vaut le fameux kilométrage garanti, vanté par certains vendeurs d’occasion ? « Ça ne vaut pas grand-chose. C’est plus des éléments marketing. Dans la mesure où, en réalité, seul le regard d’un expert en automobile pourrait vous garantir le kilométrage d’un véhicule d’occasion », estime Caroline Tichit, avocate experte en droit routier. 

Pour rester prudent, les associations de consommateurs, comme l’UFC-Que Choisir , recommandent de se fier à plusieurs points :

  • Les factures et le carnet d’entretien de la voiture, mais aussi les précédents contrôles techniques , qui répertorient le kilométrage à chaque passage.
  • Bien surveiller la cote du véhicule que vous achetez, en vous méfiant si le prix est en-dessous de l’Argus. 
  • Contrôlez la carte grise, l’année de mise en circulation, mais aussi l’identité de la personne qui vous vend la voiture.
  • Méfiance si le véhicule vient de l’étranger : en Europe, seuls dix pays sur vingt-sept ont interdit la pratique de modification du compteur kilométrique.

Faire appel à un expert automobile coûte environ 200 euros. Mais c’est une sécurité supplémentaire. En cas de litige, l’acheteur floué peut alors se retourner contre le vendeur, mais aussi l’expert lui-même. Enfin, dernier conseil, gratuit celui-là. Avant d’acheter, consultez le site gouvernemental HistoVec. Avec la plaque d’immatriculation, il permet de consulter le kilométrage du véhicule lors des différents contrôles techniques.

Sachez, enfin, que la loi ne plaisante pas avec le sujet : l’article 3 du décret n°78-993 du 4 octobre 1978 interdit la pratique de modifier son compteur kilométrique. Il s’agit par ailleurs d’un délit de tromperie sur le plan pénal, qui peut-être puni jusqu’à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 300.000 euros.


La rédaction de TF1info | Reportage : Julien Roux, Clément Biet

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