- L’Ukraine a dénoncé mardi l’absence de preuves étayant les accusations de Moscou sur une attaque de Kiev contre l’une des résidences de Vladimir Poutine.
- Il pourrait s’agir d’une opération « sous fausse bannière ».
- Cette stratégie consiste pour un pays à utiliser les marques de reconnaissance de son ennemi pour semer la confusion.
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Ukraine-Russie : en marge des négociations, des attaques
Un « mensonge
« . C’est ainsi que Volodymyr Zelensky a qualifié ce que Moscou présente comme une attaque qui, dans la nuit de dimanche à lundi, aurait visé une résidence de Vladimir Poutine. Selon la Russie, très exactement 91 drones auraient frappé ce lieu situé dans la région de Novgorod. Problème : le Kremlin a indiqué mardi ne pas avoir de preuves à apporter, renvoyant vers le ministère de la Défense sur la présence d’éventuels débris. Une ligne de défense qui, selon certains observateurs, s’apparente à une opération « sous fausse bannière
« .
De l’anglais « false flag », il s’agit d’une action par laquelle un pays utilise les marques de reconnaissance de l’ennemi pour semer la confusion. Preuve que la Russie est réputée pour ses talents en la matière ? Le 3 février 2022, soit 21 jours avant l’invasion de l’Ukraine, l’ancien porte-parole du Pentagone John Kirby avait prévenu : « Nous pensons que la Russie pourrait produire une vidéo de propagande très violente, qui montrerait des cadavres et des acteurs jouant le rôle de personnes en deuil, ainsi que des images de lieux détruits avec des équipements militaires ukrainiens ou occidentaux
« . Cette fausse attaque aurait ainsi donné à la Russie un prétexte pour envahir son voisin.
L’usage « impropre » de l’uniforme ennemi
Si elle se développe désormais sur les réseaux sociaux, cette ruse de guerre est ancienne. Dès 1907, l’article 23 de la Convention de la Haye reconnaissait déjà ce stratagème, en interdisant « l’usage impropre
» de l’uniforme ennemi. Parmi les événements de ce type entrés dans l’histoire, on retient l’incident de Mainila : le 26 novembre 1939, l’Armée rouge avait bombardé le village russe, situé près de la frontière finlandaise, avant d’attribuer l’attaque au pays voisin. Quatre jours plus tard, l’Union soviétique lançait la guerre d’Hiver contre la Finlande. Idem en 1968, quand le Kremlin utilisait ses services de renseignement pour créer des incidents sous « false flag ». Avec un but : justifier son intervention militaire en Tchécoslovaquie.
Malgré la fin du régime soviétique, les dirigeants russes ont conservé cette méthode. Elle serait utilisée depuis le début de la guerre en Ukraine, par exemple en mars 2024. Une vidéo de l’attaque d’un hélicoptère en Transnistrie était devenue virale. Les autorités de cette région séparatiste pro-russe de Moldavie avaient alors accusé l’Ukraine, laquelle avait démenti, entraînant des suspicions de « false flag » dont TF1info s’était fait l’écho.
À l’heure où les pourparlers de paix s’accélèrent pour trouver une issue au conflit, le Kremlin aurait pu utiliser une nouvelle fois cette ruse. C’est en tout cas l’hypothèse avancée lundi sur LCI par le colonel Michel Goya : pour le consultant militaire, « les Russes ont quasiment inventé ce concept, ils l’ont largement pratiqué dans le passé ». « L’événement de Novgorod n’a pas été recoupé, il n’y a pas plus d’éléments de preuve que de simples déclarations russes
« , estime le colonel dans la vidéo en tête de cet article.
You can determine the target of a UAV attack only if: – the UAV is shot down while approaching the target; – the UAV actually hits the target. Everything else is fantasy. After checking Russian monitoring channels overnight, I found at most an alert in Tver Oblast, which borders… pic.twitter.com/1W5LfZ0phL — Oleksandr Arhat 🇪🇺🇺🇦 (@olarhat) December 29, 2025
Un sentiment partagé par Oleksandr Arhat. Sur X, ce blogueur militaire ukrainien détaille pourquoi la résidence de Vladimir Poutine n’a, selon lui, pas été ciblée par Kiev. « Vous ne pouvez déterminer la cible d’une attaque de drone que si le drone est abattu alors qu’il s’approche de sa cible ou s’il atteint effectivement sa cible. Tout le reste relève de la fiction
« , estime le blogueur. Avant de préciser : « Après avoir consulté les chaînes de surveillance russes toute la nuit, j’ai tout au plus trouvé une alerte dans l’oblast de Tver, limitrophe de l’oblast de Novgorod. Si des drones survolaient l’oblast de Novgorod, c’était très probablement en direction d’une raffinerie de pétrole dans l’oblast de Léningrad
. »




