mercredi, octobre 23

L’élection américaine vue de Bruxelles : une certaine inquiétude, mais l’assurance de l’UE d’être « bien mieux préparée » qu’en 2016

L’Agence France-Presse propose un résumé très fouillé de l’ambiance à Bruxelles, où les pays européens seraient soulagés par une victoire de Kamala Harris, mais se préparent – quoi qu’il arrive – à des changements profonds et durables dans leur relation avec les Etats-Unis.

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  • L’avenir de l’OTAN
  • Avec Kamala Harris, les pays européens se sentent en terrain connu, même si « on ne sait pas grand-chose de ses projets en politique étrangère », explique un diplomate de l’OTAN. Mais un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche les tétanise. « Il y a une forme de paralysie côté européen, face à l’immensité du défi », juge ainsi Martin Quencez, expert des questions de défense au German Marshall Fund of the United States, à Paris.

    Tous ont encore en mémoire les menaces lancées en février par le milliardaire américain : si vous ne payez davantage, débrouillez-vous face à la menace russe. Ils ont déjà tenté de répondre à l’avance en portant pour plusieurs d’entre eux le niveau de leurs dépenses militaires à 2 % de leur PIB. Ils sont désormais 23, sur les 32 membres de l’OTAN, contre 3 il y a dix ans.

    Mais ils savent aussi qu’il leur faudra faire plus, et ce quel que soit le vainqueur le 5 novembre. Le candidat républicain n’est pas, et de loin, le premier président américain à réclamer un meilleur partage du fardeau. « Il y a une façon trumpienne de dire les choses, il communique comme ça, mais le message sur la nécessité pour l’Europe de faire plus est parfaitement légitime », résume un diplomate.

    • Le soutien à l’Ukraine

    Si nombre de responsables de l’Alliance espèrent éviter le clash avec Trump, les craintes des Européens se renforcent nettement lorsqu’il s’agit d’envisager l’avenir du soutien occidental à l’Ukraine. L’ex-président qui rêve d’un retour triomphal à Washington a déjà menacé à plusieurs reprises de mettre un terme à l’aide militaire américaine à Kiev, promettant d’en finir avec cette guerre en vingt-quatre heures, tout en restant évasif quant aux moyens d’y parvenir.

    Après deux ans et demi d’engagements maintes fois répétés, l’Union européenne (UE) pourrait n’avoir d’autre choix que de prendre le relais. Mais son front pourrait se fissurer rapidement. « Les capitales européennes risquent d’accroître la pression sur Kiev pour ouvrir les négociations avec Moscou, contre la volonté des Ukrainiens eux-mêmes », met en garde le député Raphaël Glucksmann. Pour le moment, c’est surtout l’attentisme qui domine. « On essaie de continuer à faire ce que l’on fait de notre côté, c’est le sentiment dominant à l’OTAN », explique un diplomate de l’Alliance.

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  • La relation commerciale
  • Lorsqu’il s’agit du commerce, l’UE pense qu’elle sera cette fois mieux armée pour le combat en cas de retour du magnat de l’immobilier à la Maison Blanche. « L’UE est bien mieux préparée à une nouvelle administration Trump », assure un diplomate à Bruxelles.

    Une liste de produits américains pouvant faire l’objet de représailles est par exemple sur sa table, mais diplomates et responsables européens insistent sur son utilisation uniquement en dernier recours. « Personne à Bruxelles ne recherche l’escalade », assure l’un d’entre eux.

    Le premier test aura lieu en mars, lorsque la trêve concernant le commerce de l’acier entre les Etats-Unis et l’UE aura expiré. Donald Trump avait relevé en 2018 le niveau des droits de douane sur l’acier et l’aluminium en provenance de plusieurs pays, dont ceux de l’UE. Joe Biden a maintenu ce niveau mais exempté l’UE pendant une période transitoire qui prendra donc fin en mars. Les Européens redoutent que le milliardaire américain n’impose des taxes encore plus élevées. Et, même s’ils ne croient pas que sa rivale démocrate Kamala Harris se montre particulièrement bienveillante, ils s’attendent à une négociation « de bonne foi » sur ce sujet, selon un diplomate de l’UE.

    Avec une présidence de Kamala Harris, « il y aura une volonté de continuer à rechercher des sujets de coopération, d’essayer d’éviter des conflits inutiles », juge Greta Peisch, ancienne conseillère juridique du bureau du représentant du commerce américain.

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