samedi, mai 18
Julian Alaphilippe, avant le départ de la première étape du Giro 2024, à Venaria Reale, en Italie, le 4 mai 2024.

Julian Alaphilippe amorce, à bientôt 32 ans, ce qui est certainement le dernier grand virage de sa carrière, au sortir d’une « période difficile ». Pour refermer cette phase chaotique, qui a duré presque deux saisons, l’ancien double champion du monde (2020 et 2021) est aligné pour la première fois de sa carrière sur le Tour d’Italie, dont la 2e étape se déroule, dimanche 5 mai, entre San Francesco al Campo et le Sanctuaire d’Oropa (161 kilomètres).

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Pour le Français, l’enjeu sera aussi performatif que psychologique sur les routes transalpines. « Le Giro ne changera pas mon avenir, mais, d’un point de vue personnel, si, peut-être », assure le coureur de l’équipe belge Soudal-Quick Step. Classé 17e, samedi, lors de la journée d’ouverture, à 10 secondes de l’Equatorien Jhonatan Narvaez (Ineos), il brigue un succès d’étape. Ce qui, dit-il, lui permettrait de « prendre du plaisir », le carburant qui lui a manqué dans sa mini-traversée du désert.

« J’ai vécu le genre de moment où on donne le maximum et où la résilience est mise à rude épreuve, raconte Alaphilippe dans un entretien au Monde. Dans ces moments, on fait tout ce qu’on peut et il n’y a pas de retours. Tout basculait du mauvais côté, et ça jouait sur mon quotidien. C’était difficile sur le vélo, mais aussi dans la tête, et ailleurs. » Ce sombre tunnel se caractérisait par une panne de victoires – la dernière remonte à juin 2023, sur le Critérium du Dauphiné –, inhabituelle pour ce chasseur de succès.

« Ça endurcit dans la vie et sur le vélo »

La série noire de ses chutes ne l’a pas aidé, de celle de Liège-Bastogne-Liège en avril 2022 (fracture de l’omoplate et pneumothorax) jusqu’à celle des Strade Bianche (Italie), en mars 2024 (fracture du péroné). Cette dernière blessure, tenue secrète, n’a pas empêché son équipe de lui faire disputer les classiques pavées, ce printemps. Il a aussi réussi à terminer 9e de Milan-San Remo, la plus longue course du printemps, sur près de 300 kilomètres.

Tout aussi handicapants, les propos de Patrick Lefevere, son manageur depuis ses débuts, dans le magazine Humo, en mars 2024, qui le mettait en cause, ainsi que sa compagne Marion Rousse, ex-cycliste et directrice du Tour de France femmes. « Trop de fêtes, trop d’alcool », persiflait son employeur. « Ça ne m’a pas aidé, c’est sûr, admet Alaphilippe. Je n’étais pas d’accord avec ce qui se disait, mais j’ai su faire abstraction de ces propos et j’ai essayé de ne pas mettre d’huile sur le feu. »

Ces chutes et attaques verbales n’ont pas fissuré l’image de Julian Alaphilippe, le plus populaire des coureurs français depuis le retrait de Thibaut Pinot, en 2023. Mais elles jettent une lumière crue sur ses vulnérabilités. « A tort, estime un proche du couple. [Patrick] Lefevere se trompe complètement d’analyse. Marion [Rousse] n’a pas poussé Julian dans l’univers des fêtes. Au contraire, elle l’a freiné. Maintenant, on peut se demander si Julian n’était pas davantage heureux et fort sur le vélo à l’époque où il faisait la fête… »

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