Accueilli en héros, le président américain, Joe Biden, a prononcé, lundi 19 août, un discours enflammé lors du premier jour de la convention démocrate qui se tient jusqu’à jeudi à Chicago (Illinois). Cette soirée d’ouverture a été conçue comme une passation de flambeau entre le président sortant et sa vice-présidente, Kamala Harris, candidate à la présidentielle du 5 novembre.
Le dirigeant démocrate, qui a renoncé le mois dernier à se représenter, a été acclamé pendant plus de quatre minutes par les milliers de personnes présentes dans l’immense United Center, aux chants de « Nous aimons Joe ! » et « Merci Joe ! ».
« Je vous aime », a répondu Joe Biden qui s’est ensuite lancé dans un discours d’une cinquantaine de minutes au ton grave et offensif, appelant à « préserver » la démocratie face au candidat républicain, Donald Trump. « Nous menons une bataille pour l’âme même de l’Amérique », a-t-il clamé, reprenant l’une des expressions emblématiques de sa présidence. Joe Biden a appelé à élire « une procureure » − le métier de Kamala Harris durant de nombreuses années − plutôt que Donald Trump, un « repris de justice ».
Apparition surprise de Kamala Harris sur scène
« Nous sommes éternellement reconnaissants » envers un « incroyable » président, avait dit auparavant Kamala Harris, lors d’une brève apparition surprise, en solo, en ouverture de la convention. En réponse, Joe Biden a promis d’être le « meilleur bénévole » de la campagne de sa vice-présidente. « Elle est forte, intelligente et elle fait preuve d’une énorme intégrité », a-t-il dit, louant « une présidente dont nous serons fiers ».
Joe Biden a été rejoint sur scène, après son allocution, par sa famille et par Kamala Harris qui l’a étreint dans ses bras avant de lui glisser quelques mots.
L’avant-discours du président américain avait été placé sous le signe de l’émotion. « Joe et moi sommes ensemble depuis près de cinquante ans. Pourtant, il y a des moments où je retombe amoureuse de lui », avait dit la « first lady », Jill Biden, pour annoncer l’entrée sur scène de son mari. « Papa, (…) nous ne te disons pas assez souvent que tu es l’amour de nos vies », a aussi déclaré leur fille Ashley, en parlant d’un « battant qui a été sous-estimé toute sa vie ».
Hillary Clinton appelle à briser le « plafond de verre »
Pour le président de 81 ans, qui pensait encore il y a un mois recevoir l’investiture de son parti, il y avait dans ce débordement d’affection quelque chose de certainement émouvant, mais aussi d’assez cruel. Mardi, c’est Kamala Harris que les délégués vont couronner dans un vote symbolique, après l’avoir déjà formellement investie dans un scrutin par internet. Les démocrates s’attendaient à faire campagne sans passion pour le président octogénaire, embourbé dans les sondages. Mais voilà qu’après son incroyable retrait le 21 juillet, ils se prennent à rêver à nouveau d’une victoire grâce à leur candidate de 59 ans.
Hillary Clinton, candidate malheureuse face à Donald Trump en 2016, a toutefois rappelé à Chicago que rien n’était gagné. « Ne vous laissez pas distraire. Ne soyez pas trop contents de vous », a dit l’ancienne secrétaire d’Etat, qui était donnée favorite face à Donald Trump. Celle qui voulait devenir la première présidente des Etats-Unis a appelé à briser pour de bon le « plafond de verre » en faisant élire Kamala Harris.
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Mardi, l’ancien président Barack Obama et son épouse Michelle Obama seront les vedettes de la convention, dans une ville de Chicago qui est leur fief. Ce sera sans Joe Biden, qui dès son allocution finie, a prévu de s’envoler pour des vacances en Californie.
Les manifestants propalestiniens ont « des arguments à faire valoir »
Pour l’heure, la grand-messe du parti démocrate n’a pas été troublée par de grandes manifestations propalestiniennes. Des manifestants ont brièvement ouvert lundi une brèche dans un périmètre de sécurité extérieur. La police les a bloqués et l’un d’entre eux, vêtu de noir, a été interpellé, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse sur place.
Joe Biden lui-même a abordé la question de front, affirmant que ceux qui ont manifesté lundi pour dénoncer le soutien de son administration à la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza avaient « des arguments à faire valoir ». « Beaucoup de personnes innocentes ont été tuées, des deux côtés », a-t-il déploré, affirmant qu’il continuera à travailler pour « mettre fin à la guerre à Gaza et apporter la paix et la sécurité au Moyen-Orient ».
Dans le camp républicain, Donald Trump, qui a prévu des déplacements dans plusieurs Etats décisifs cette semaine, a commencé lundi par la Pennsylvanie. L’ancien président a attaqué les projets « communistes » de Kamala Harris et avancé, sans aucune preuve, qu’elle aurait monté un « putsch » contre Joe Biden.