lundi, mai 20

Les Etats-Unis ont franchi un pas inédit, mercredi 8 mai, dans leur relation étroite mais complexe avec Israël. L’administration Biden a confirmé la suspension, la semaine dernière, d’une livraison d’armes à son allié, engagé depuis sept mois dans une guerre meurtrière dans la bande de Gaza. Il s’agissait de 1 800 bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 1 700 bombes de 500 livres (226 kg). D’autres livraisons prévues prochainement devraient être réexaminées, en fonction des événements à Rafah.

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Il s’agit là d’un avertissement clair, mis en scène par des fuites dans la presse, adressé à Benyamin Nétanyahou. « Je l’ai dit clairement à Bibi et au cabinet de guerre : ils n’auront pas notre soutien s’ils vont dans les centres de population », a averti Joe Biden, dans un entretien à CNN diffusé dans la soirée.

Le président américain a souligné que pour l’heure, les Israéliens avaient pris seulement le poste-frontière de Rafah, causant ainsi « des problèmes » avec l’Egypte, interlocuteur essentiel de Washington dans cette crise. Mais en cas d’opération d’envergure, « nous ne fournirons pas d’armes et d’obus d’artillerie », a dit Joe Biden. Il s’agit d’un tournant, mais pas d’une rupture stratégique, dans le soutien total de l’administration américaine à Israël depuis le 7 octobre 2023.

Début mars, le Washington Post avait révélé que près de cent livraisons d’armes avaient déjà été organisées en six mois, soit un véritable pont aérien. Le 24 avril, Joe Biden a signé une loi votée au Congrès qui accordait 15 milliards de dollars (14 milliards d’euros) d’aide supplémentaire à Israël et aux Palestiniens. Sur cette somme, 5 milliards étaient destinés aux trois systèmes de défense antimissiles de l’Etat hébreu.

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Exaspération, appréhension, interrogation

Il n’est pas question de remettre ce paquet en question. Il est vu comme crucial, à l’aune de la récente attaque de l’Iran contre Israël, par drones et missiles. En revanche, les Etats-Unis mettent en question la livraison de bombes massives utilisées de façon indiscriminée par Israël. Très tardivement, sept mois après le début du conflit, l’administration utilise enfin ce levier de pression, alors qu’on ne connaît pas l’état des stocks israéliens.

Cette décision traduit à la fois une exaspération causée par Benyamin Nétanyahou, une appréhension quant aux conséquences d’une opération massive à Rafah et enfin une interrogation juridique sur la responsabilité américaine. « Des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes [américaines] et d’autres moyens utilisés pour attaquer des zones peuplées », a reconnu Joe Biden sur CNN.

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