En équipe de France, Thierry Henry a toujours habité au « 12 ». Un numéro fétiche avec, à l’origine, l’envie d’imiter son idole d’enfance : Marco van Basten. En 1988, le Néerlandais porte beau le numéro 12 lors de la victoire des Pays-Bas au championnat d’Europe. « Pour moi, il incarnait le football dans tous ses aspects », dira Henry en 2004 avant un match amical à Rotterdam (Pays-Bas) contre les Oranje. Du triple Ballon d’or, l’ancien attaquant d’Arsenal prend la gestuelle, l’élégance et le sens du but, mais laisserait aujourd’hui de côté la carrière d’entraîneur. En 2020, Marco van Basten admet d’ailleurs au Guardian « ne pas être un bon manageur », au moment de tourner la page d’une seconde carrière frustrante et ratée.
A 46 ans, le sélectionneur de l’équipe de France olympique espère voir la sienne – enfin – décoller grâce au tournoi des Jeux de Paris, commencé par une victoire (3-0) contre les Etats-Unis à Marseille, avant de retrouver la Guinée, samedi 27 juillet, à Nice, et s’assurer, peut-être, la qualification pour les quarts de finale. Mais s’agit-il déjà de la compétition de la dernière chance pour le champion du monde de 1998 ?
Roberto Martinez, le sélectionneur du Portugal, continue à voir pour son ancien adjoint en équipe de Belgique un destin similaire à ceux de deux ex-grands joueurs, Pep Guardiola et Johan Cruyff. Ce dernier est l’homme de deux révolutions : celle du « football total » crampons aux pieds dans les années 1970, avant de casser de nouveau les codes à la tête du FC Barcelone, deux décennies plus tard, avec son éternel imperméable beige sur le dos et ce jeu d’attaque fait de passes courtes.
Mais Johan Cruyff tient plutôt de l’exception, quand la règle offre les carrières d’entraîneurs décevantes voire ratées des Diego Maradona, Lothar Matthäus, Jean-Pierre Papin, Ruud Gullit ou Hristo Stoichkov. Une liste non exhaustive. Les génies seraient-ils incapables de transmettre ? Après tout, qui imagine Mozart enseigner le solfège avec une patience infinie ? « Pour les joueurs d’exception, il est difficile d’admettre que ceux que vous entraînez ne soient pas en mesure de reproduire les gestes que vous réussissiez », résume Roberto Martinez dans un entretien à So Foot. Depuis, Zinédine Zidane est devenu l’autre glorieuse exception avec ses trois Ligue des champions d’affilée remportées avec le Real Madrid (2016, 2017, 2018).
A la recherche de l’approbation paternelle
Mais « Titi », ce n’est pas « Zizou ». Toute sa carrière, Thierry Henry a été un soliste assumé, et non ce génie timide au cœur du jeu. De l’US Palaiseau (Essonne) à Arsenal en passant par les Bleus, il a été ce buteur implacable porté par une impitoyable exigence envers lui-même, celle transmise par un père éternel insatisfait. Le genre à toujours mégoter sur une passe ratée au moment du goûter d’après-match. En janvier, dans le podcast The Diary of a CEO, le fiston avouait avoir connu des épisodes dépressifs et les reliait à cette enfance passée à la recherche constante de l’approbation paternelle.
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