vendredi, mai 17

Le CIO a dévoilé jeudi le nom des 36 athlètes sélectionnées au sein de l’équipe olympique des réfugiés.
Cette formation, qui rassemble des sportifs forcés de quitter leur pays d’origine pour leur propre sécurité, va tenter de remporter la première médaille de son histoire lors des Jeux olympiques de Paris.

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Jeux Olympiques de Paris 2024

Pour la troisième fois, une équipe de réfugiés va participer à des Jeux olympiques d’été. Après 2016 et 2020, le Comité international olympique a dévoilé jeudi sa composition pour l’édition 2024, à Paris. Choisis parmi les 73 réfugiés bénéficiaires d’une bourse spécifique pour préparer les JO de Paris, ces athlètes, qui ont fui leur pays de naissance, ont été sélectionnés « avant tout sur les performances sportives », mais aussi pour assurer « une représentation équilibrée » des sports, genres et pays d’origine. 

Pour la première fois, cette délégation possède son propre emblème : un cercle de flèches symbolisant « l’expérience commune », au centre duquel se trouve un cœur. Après avoir défilé aux côtés de tous les autres sportifs lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, les heureux élus tenteront de remporter la première médaille de l’histoire de cette équipe.

Logo de l’équipe olympique de réfugiés. – Comité olympique international

Cela étant, quels que soient leurs résultats, ils envoient « un message d’espoir aux plus de 100 millions de personnes déplacées dans le monde » et permettent une meilleure prise de conscience « de l’ampleur de la crise des réfugiés », assure le patron du CIO, Thomas Bach. « L’équipe olympique de réfugiés doit nous rappeler la résilience, le courage et les espoirs de tous ceux qui ont été déracinés par la guerre et la persécution. Ces athlètes représentent ce que les êtres humains peuvent faire, même face à une adversité extrême », ajoute le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. 

Vous avez la chance d’inspirer une nouvelle génération, de représenter quelque chose de plus grand que vous

Masomah Ali Zada

Lors de cette édition 2024, 36 athlètes, issus de onze pays différents (Afghanistan, Syrie, Iran, Soudan, Sud-Soudan, République démocratique du Congo, Érythrée, Éthiopie, Cameroun, Cuba et Venezuela), ont été retenus. Ils sont qualifiés dans douze disciplines, du judo à l’athlétisme en passant par la natation, le taekwondo, le canoé, la lutte et le tir. 

« Vous aviez tous un rêve, et aujourd’hui votre rêve de participer aux Jeux olympiques est plus proche que jamais. Avec tous les défis que vous avez relevés, vous avez maintenant la chance d’inspirer une nouvelle génération, de représenter quelque chose de plus grand que vous et de montrer au monde ce dont les réfugiés sont capables », les a félicités la cheffe de mission de l’équipe olympique des réfugiés, Masomah Ali Zada, qui a participé à la compétition pour l’équipe olympique des réfugiés à Tokyo 2020. 

Une athlète directement qualifiée, une première

Chacune des 36 histoires mériterait d’être racontées, mais voici pour l’heure quelques exemples particulièrement édifiants. La boxeuse camerounaise Cindy Ngamba, réfugiée au Royaume-Uni en raison de la répression pénale de l’homosexualité dans son pays de naissance, est la première athlète de l’équipe des réfugiés à s’être qualifiée directement pour les Jeux olympiques, sans recevoir d’invitation. Triple championne d’Angleterre dans trois catégories de poids différentes, elle concourra en moins de 75 kilos. 

De son côté, Muna Dahouk a fui la Syrie en 2019 en raison de la guerre. Cette passionnée de judo, qui a commencé à le pratiquer dès l’âge de six ans avec sa sœur, concourt aujourd’hui dans la catégorie des -63kg. Parallèlement, Jamal Valizadeh a été obligé de fuir l’Iran alors qu’il y était un lutteur de niveau national. À son arrivée en Turquie en 2014, le sport est passé au second plan, travaillant 16 heures par jour pour tenter de survivre. Deux ans plus tard, il est reparti vers la Grèce, à bord d’un petit bateau et « nageant même une partie du voyage », révèle le site officiel des JO. Finalement, il a posé ses valises en France, où il vit aujourd’hui. Malgré ses années d’arrêt, il espère pouvoir briller en lutte gréco-romaine l’été prochain. 

Eyeru Gebru va, elle, participer à l’épreuve cycliste de course en ligne. Après avoir remporté plusieurs médailles sur cette épreuve lors des championnats continentaux africains, elle a fini par quitter l’Éthiopie en raison de la guerre civile (la guerre du Tigré, de 2020 à 2022). Et c’est en France qu’elle a trouvé une nouvelle terre d’accueil et qu’elle s’est préparée pour les prochaines Olympiades. 

Tous ses athlètes, et bien d’autres, comptent bien, à leur manière, marquer l’histoire lors de Paris 2024. Et sans doute, aussi, marquer par leur propre histoire. 


Maxence GEVIN

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