De quel côté allait retomber la pièce ? Côté pile, Arthur Fils venait de remporter, il y a une semaine, le tournoi de Hambourg, une référence sur terre battue. Le tout conclu par une intense finale face à Alexander Zverev, une autre référence dans le gotha mondial du tennis. Côté face, le Français n’avait encore jamais gagné un seul match, chez les seniors, à Roland-Garros, lui qui à seulement 20 ans s’invite porte d’Auteuil depuis 2023.
Mais dimanche 28 juillet, son adversaire lui a une nouvelle fois servi le coup de la blague éculée : « Pile je gagne, face tu perds. » Pour la cinquième fois en autant de confrontations, l’Italien Matteo Arnaldi a battu Arthur Fils (5-4, 7-6 [9-7]), devant le public du bouillonnant court numéro 14, pourtant tout acquis à la cause du Français.
Tête de série no 14, grâce à ses bons résultats récents – outre sa victoire à Hambourg, il a atteint, mi-juillet, les huitièmes de finale à Wimbledon –, Arthur Fils n’avait pas bénéficié d’un tirage clément. C’est le même joueur, 40e mondial, et adepte de la terre battue, que le hasard lui avait déjà désigné, au premier tour de Roland-Garros, fin mai. Et le résultat fut semblable : des espoirs vite douchés et une élimination précoce.
Il faut se méfier du physique quelconque d’Arnaldi. Malgré son allure de lycéen presque chétif, l’Italien de 23 ans – il en fait bien cinq de moins – se déplace vite, glisse bien, et tape fort. Après un premier set tout en maîtrise, la deuxième manche fut plus accrochée. Mais planait sur le match comme un parfum d’inéluctabilité. Même lorsque dans le tie break Arthur Fils sauva une deuxième balle de match après avoir frappé deux coups d’affilée sur les lignes. Même après une double faute d’Arnaldi – la seule de la rencontre – sur la troisième balle de match de l’Italien. Arthur Fils, hormis de rares poings serrés sur quelques coups gagnants, ne montra pas de signe extérieur de révolte.
Moue ostensible
Au-delà du résultat, décevant, c’est son attitude qui pouvait interroger. Arrivé sur le court avec un casque de musique, le Français l’enleva juste à temps pour pouvoir entendre la Marseillaise entonnée par les tribunes remplies et joyeuses. Durant une heure et demie, le public tenta tout : des chants, des olas, des « Arthur ! Arthur ! » à s’abîmer les cordes vocales. Un spectateur imita même, très bruyamment, le chant du coq. Mais rien n’y fit, leur chouchou ne décocha pas un sourire de la partie, à peine une fugace main levée en partant en direction des tribunes. Sur le coup de la déception ? De la frustration ? De l’absence de sensations ?
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