Jeudi 29 août, la France qui avait succombé à la fièvre olympique a repris son sport préféré de l’été : l’apnée. Même décor chloré, même foule électrisée, même blason fleurdelisé. Le Toulousain Ugo Didier, né huit mois avant Léon Marchand, s’est engouffré dans le sillage du quadruple champion olympique en offrant à la délégation française sa première médaille d’or paralympique à domicile sur 400 m nage libre (catégorie S9).
Décidément, la salle de concert de Nanterre (Hauts-de-Seine), transformée le temps des Jeux en piscine (en kit), ne se lasse plus d’entendre résonner La Marseillaise depuis un mois. Ugo Didier a poussé le mimétisme avec son alter ego toulousain jusqu’à reproduire le même scénario à suspense et faire chavirer à son tour les 15 000 spectateurs de Paris La Défense Arena.
Au terme de 4 min 12 s 55 d’une course de grand stratège, la tortue de Cugnaux (Haute-Garonne) a eu le dernier mot sur le lièvre Simone Barlaam, double champion du monde en titre. Seulement 6e à la fin du premier 100 m, loin, très loin derrière l’Italien, le Français se replace à la 3e place à la mi-course. C’est le moment où il produit son effort, collé dans la vague de son voisin pour profiter au maximum de son aspiration. Poussé par un public incandescent, le nageur de 22 ans avale son rival transalpin dans la dernière longueur, comme un clin d’œil à la remontée fantastique de Léon Marchand sur Kristof Milak au 200 m papillon lors des JO.
« Content que la roue ait tourné »
Celui que ses camarades avaient surnommé à son arrivée en équipe de France « sans mollets » – il est né avec les pieds bots et les muscles inférieurs atrophiés – pouvait enfin monter sur cette première marche du podium qui se refusait à lui depuis 2017 sur la scène planétaire.
Cette Marseillaise, « elle était incroyable, ces dernières années, j’ai eu la malchance de finir 2e, j’en avais un peu marre de cette seconde place, aujourd’hui je suis content que la roue ait tourné, a savouré Ugo Didier les yeux humides, trois ans après avoir conquis l’argent sur cette distance à Tokyo. Je n’ai pas l’habitude d’être ému par de la natation, mais aujourd’hui ça me prouve le contraire. »
Balayées les déceptions des derniers Jeux. « A Tokyo, j’étais beaucoup stressé, là c’est tout le contraire, j’étais serein du début à la fin. » Oubliées les difficultés de la saison, quand le nageur a remis toute sa nage en question pour combler son manque de puissance. Envolés, les doutes après un « hiver catastrophique ». L’été parisien a laissé place aux certitudes.
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