A 15 ans, Marie Ngoussou est la plus jeune sportive des 237 membres de la délégation française présente à Paris pour les Jeux paralympiques. Encore cadette première année, la jeune sprinteuse s’alignera, mardi 3 septembre au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), sur le 100 m dans la catégorie T46 (amputé d’un membre supérieur ou assimilé), avant de participer, le 7 septembre, au 200 m.
Sa participation aux Jeux n’a été actée que tardivement. La native d’Orléans n’a obtenu sa classification internationale – une formalité obligatoire pour concourir dans les compétitions handisports – qu’au mois de juin. « J’ai été vue par deux médecins qui m’ont fait faire des mouvements avec mon bras handicapé et ont comparé les résultats avec mon autre bras pour voir si j’avais vraiment un handicap », raconte-t-elle.
Dans la foulée, elle a réussi les minima paralympiques lors du meeting handisport du stade Charléty, à Paris, les 13 et 14 juin, et lors des championnats de France handisport à Albi, mi-juillet. « Ces premiers Jeux sont plus une découverte », dit-elle d’abord. Mais, « comme je suis bien classée au ranking [4e sur 100 m], je me dis que tenter une médaille est possible », ajoute-t-elle.
« Je ne me cache plus »
Si sa percée dans le monde du handisport est fulgurante et rafraîchissante, la jeune femme a commencé l’athlétisme dès le plus jeune âge en suivant l’exemple de son frère aîné. « Sa coach m’a prise sous son aile en voyant que j’avais quelques capacités, se souvient-elle. Puis, il y a deux ans, c’est elle qui m’a fait découvrir le handisport. »
Le handicap de Marie Ngoussou est la séquelle d’une naissance difficile, qu’elle raconte : « On a galéré à me faire sortir du ventre de ma mère. J’étais un gros bébé. Ils m’ont arraché des nerfs au niveau du bras gauche. » L’athlète a « moins de mobilité » et ne peut par exemple « pas tendre son bras. » Sur 100 m et 200 m, elle ne peut « pas bien faire le geste de balancier » naturel du sprinteur.
Pendant longtemps, elle n’évoquait jamais son handicap, qui « se voit moins que d’autres ». Les choses évoluent. « Je n’osais pas trop le montrer, confie-t-elle. Je ne le dis pas haut et fort, mais, si on me demande, j’en parle. Pour l’instant, je n’en parle pas encore de moi-même. »
Grâce à sa pratique sportive et à sa participation aux Jeux paralympiques, les gens sont désormais au courant : « Je ne me cache plus. Cela me fait beaucoup avancer. J’ai ce handicap depuis bébé. Pour moi, c’est comme si je n’étais pas en situation de handicap. »
Entraîneuse, son « métier de prédilection »
A vingt jours de son entrée en compétition, Marie Ngoussou ne dissimulait pas son impatience et sa curiosité à l’idée de découvrir ce grand rendez-vous. « J’en ai marre d’attendre. Cela passe à la fois vite et lentement. Le stress arrivera sûrement plus tard », prédit celle qui s’est préparée principalement à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, dans le bois de Vincennes, à Paris, pendant le mois d’août.
Lycéenne en classe de 2de, elle va intégrer à la rentrée une 1re professionnelle, animation enfance et personnes âgées, même si elle se verrait bien devenir entraîneuse à l’avenir, son « métier de prédilection ».
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Avant même que sa sélection pour Paris 2024 ne soit officielle, des camarades l’interrogeaient sur la possibilité qu’elle dispute les Jeux : « Je leur disais que je les ferais peut-être. » Certains ont acheté leurs billets et l’encourageront lors de sa deuxième épreuve, samedi 7 septembre, dans les tribunes du Stade de France, car le 100 m est programmé « le 3 septembre, [au lendemain] de la rentrée scolaire ». Une médaille autour du cou ferait à coup sûr sensation au lycée et constituerait une excuse inattaquable pour son retard forcé.