Le 8 août, les finalistes du concours olympique féminin de saut en longueur ont bénéficié du soutien d’une spectatrice de choix dans les tribunes du Stade de France. Fleur Jong avait pris sa voiture pour rallier Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) depuis Amsterdam, où elle vit, pour assister à un événement qu’elle n’aurait manqué pour rien au monde.
Pour cause, la Néerlandaise de 28 ans est la championne paralympique en titre sur l’épreuve, dans la catégorie T64 (destinée aux athlètes avec une déficience de la partie inférieure d’une jambe, ou l’absence d’une ou des deux jambes, au-dessous du genou). Samedi 31 août, la jeune femme, amputée des deux jambes et équipée de prothèses, remettra sa couronne en jeu, avant de tenter un doublé avec le 100 m, le 6 septembre.
Dans son pays, Fleur Jong est une personnalité publique. Elle a été l’une des porte-drapeaux de la délégation des Pays-Bas lors des Jeux paralympiques de Tokyo, à l’été 2021. Elle fut aussi l’une des rares para athlètes à partager l’affiche avec des valides, lors d’un meeting de la Ligue de diamant, le 8 septembre 2023, à Bruxelles. Ce jour-là, la sauteuse a battu le record du monde de la longueur dans sa classification d’origine (T62), avec une marque à 6,74 mètres, terminant deuxième derrière Ivana Spanovic, championne du monde en salle 2022 et médaillée de bronze olympique à Rio 2016.
« Repousser les limites »
Fleur Jong avait contacté elle-même les promoteurs de l’événement. « Ils ont été super ouverts et aidants, raconte-t-elle au Monde. C’était important de sauter avec ces athlètes, de montrer au public et aux organisateurs que c’est possible, parfois, de combiner le handisport et le sport valide. » A cette occasion, elle se lie d’amitié avec Ivana Spanovic et se souvient de cette phrase de Goran Obradovic, le coach de la Serbe : « C’est comme ça qu’on saute avec des prothèses ? Ce n’est pas si différent. »
Pas question pour autant de revendiquer une place aux Jeux olympiques (JO), comme l’Allemand Markus Rehm, triple champion paralympique du saut en longueur, avait pu le faire par le passé – une requête rejetée pour les Jeux olympiques de Rio. « Nous avons nos championnats du monde handisport et nos Jeux paralympiques, dont je suis fière, développe Fleur Jong. Mais on peut utiliser les compétitions commerciales comme la Ligue de diamant comme plate-forme médiatique. »
Les athlètes paralympiques sont « un parallèle » des athlètes olympiques, « c’est le sens de para », insiste-t-elle. « Ce n’est pas une question de handicap, mais plutôt de repousser les limites. Les JO et les Jeux paralympiques peuvent coexister, on n’a pas besoin de concourir ensemble. » Elle milite néanmoins pour une plus grande inclusion dans les championnats nationaux, où, dit-elle, « une finale de 100 m handisport pourrait succéder à une finale de 100 m valide ».
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