Un incident diplomatique entre la France et Israël a émaillé jeudi la visite à Jérusalem du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
Selon ce dernier, des policiers israéliens sont entrés « armés » au sein de l’Eleona.
Ce site religieux appartient à la France depuis 1868.
Suivez la couverture complète
Moyen-Orient : la peur d’un conflit généralisé
Quand le bras de fer entre la France et Israël s’invite au cœur d’un lieu historique. La visite de Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères jeudi 7 novembre, a tourné à l’incident diplomatique , suite à l’entrée « sans autorisation » et « armée » de la police israélienne sur un site de Jérusalem appartenant à la France. À savoir l’Eléona.
Ce site de pèlerinage doit son nom au mot grec « elaion », signifiant « oliveraie ». Et pour cause : l’ensemble est situé sur les hauteurs du mont des Oliviers, à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967. Construit sur la grotte dite du Pater, où le Christ aurait enseigné le Pater à ses disciples, l’Eleona fait partie des quatre domaines nationaux français près de Jérusalem, avec le Tombeau des rois, la Basilique Sainte-Anne et l’ancienne commanderie croisée d’Abou Gosh avec leurs églises romanes.
Un lieu géré par la France depuis 1868
Également appelée église du Pater Noster, l’Eleona a une histoire riche. Elle a tout d’abord été édifiée par Constantin, au IVe siècle. Un couvent, mais aussi un monastère et une chapelle furent ajoutés vers 430. Détruite au VIIe siècle puis rebâtie à l’époque de Charlemagne, l’église est à nouveau mise à terre au début du XIe siècle. Un nouvel édifice aurait été construit durant l’occupation de Jérusalem par les croisés. Mais il faudra attendre 1856 pour que la princesse Héloïse de la Tour d’Auvergne, en voyage dans la ville sainte, décide d’acquérir plusieurs hectares sur le mont des Oliviers pour que le lieu renaisse de ses cendres.
L’aristocrate fait construire en 1868, sur des plans d’Eugène Viollet-le-Duc, un cloître de 30 mètres sur 20 mètres. Elle fera don du site à la France la même année. Une partie des lieux est également donné aux sœurs carmélites, qui vivent toujours sur place et une partie aux Pères blancs.
« Le domaine de l’Eléona (…) est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité, l’entretien et avec énormément de soins« , a affirmé ce jeudi Jean-Noël Barrot. « L’intégrité des quatre domaines dont la France a la responsabilité ici à Jérusalem doit être respectée », a-t-il insisté. Le 22 janvier 2020, la visite du président français Emmanuel Macron avait été marquée par une bousculade, cette fois-ci devant la basilique Sainte-Anne. Le président avait lancé en anglais à un policier israélien « I don’t like what you did in front of me » (« Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi« ).
L’incident le plus connu reste celui de 1996, quand le président Jacques Chirac s’était aussi emporté contre des soldats israéliens qui l’encadraient de trop près en lançant « Do you want me to go back to my plane ? » (Voulez-vous que je remonte à bord de mon avion ?), avant d’exiger que les militaires sortent du domaine de Sainte-Anne.