samedi, mai 18
 Jean-Luc Melenchon prononce un discours aux côtés de l’avocate franco-palestinienne et candidate de LFI aux prochaines élections européenne, Rima Hassan, lors d’une mobilisation à Lille après la double interdiction de leur conférence sur la Palestine, le 18 avril 2024.

Quelques jours après la double annulation à Lille d’une conférence sur la Palestine du leader de La France insoumise (LFI) et de la candidate « insoumise » aux européennes Rima Hassan, Jean-Luc Mélenchon a annoncé sur X qu’il tiendrait lundi 22 avril une conférence à Sciences Po Paris, à 19 h 30. Il est invité à l’initiative des Jeunes insoumis.e.s Sciences Po Paris, afin de « présenter notamment son nouveau [livre] “Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne” », selon l’association étudiante. L’évènement doit se dérouler dans l’amphithéâtre principal de l’école.

Le fondateur du mouvement de gauche radicale, qui a fait de la dénonciation de la guerre à Gaza un thème central de la campagne de son parti pour les européennes de juin, continue ainsi sa tournée des universités, commencée il y a plusieurs semaines, qui l’a déjà amené à Nantes, Créteil, Nanterre, ou encore Clermont-Ferrand.

Mais la semaine dernière, alors qu’il devait donner une conférence à l’université de Lille sur la situation au Proche-Orient, l’événement avait été annulé. L’université avait annoncé dans un communiqué que les conditions n’étaient « plus réunies pour garantir la sérénité des débats » en raison de la montée « préoccupante » des tensions internationales après « l’escalade militaire intervenue les 13 et 14 avril au Moyen-Orient », en référence à l’attaque de drones et de missiles sans précédent lancée par l’Iran contre Israël.

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Fabien Roussel juge Jean-Luc Mélenchon « discrédité » et « indéfendable »

« Je plains le président de l’université parce que ce qu’il a fait est honteux », avait alors lancé le chef de file des « insoumis », fustigeant les « lâches qui ne sont pas capables de défendre la liberté ». Le mouvement avait ensuite voulu relocaliser la conférence dans une salle privée, mais ce second événement avait été lui-même annulé, cette fois-ci par la préfecture.

Lors d’un rassemblement convoqué sur une place publique de Lille jeudi soir par LFI, en réponse à la double interdiction de cette conférence, Jean-Luc Mélenchon a ensuite notamment évoqué Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la solution finale, et a semblé durant sa prise de parole comparer le président de l’université de Lille au criminel de guerre nazi.

« “Moi je n’ai rien fait”, disait Eichmann. “Je n’ai fait qu’obéir à la loi telle qu’elle était dans mon pays”. Alors ils disent qu’ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne », a-t-il déclaré. Le leader « insoumis » s’est ensuite justifié vendredi en citant le livre Les origines du totalitarisme (1951), de la philosophe Hannah Arendt, pour expliquer que le président de l’université s’était « comporté dans cette logique de la propagation du mal ».

Des propos qui ont provoqué de nombreuses réactions, y compris à gauche. Le numéro un du parti communiste, Fabien Roussel, a estimé lundi, sur BFM-TV/RMC, que M. Mélenchon était « discrédité » après les propos « indéfendables » qu’il avait tenus la semaine dernière à Lille. M. Roussel a ajouté qu’il « ne [se] retrouve plus du tout dans Jean-Luc Mélenchon, puisque ses propos excessifs discréditent tout le reste ». Le patron du PCF avait lui-même été comparé il y a quelques mois au collaborationniste Jacques Doriot par la députée Sophia Chikirou, membre de la garde rapprochée du leader « insoumis ».

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Incidents à Sciences Po Paris en mars

Le 12 mars, Sciences Po Paris avait, par ailleurs, connu des incidents relatifs à la guerre à Gaza, dans le cadre d’une journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine. Environ trois cents étudiants avaient occupé un amphithéâtre « pour mettre fin à la guerre génocidaire et à la colonisation en Palestine ». Lors de cet événement, non déclaré, une étudiante membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) s’était vu refuser l’entrée dans l’amphithéâtre. Les versions ont divergé concernant les raisons de ce refus, mais l’UEJF a accusé les organisateurs d’avoir tenu des propos antisémites à l’égard de cette étudiante. Des accusations que réfute le comité Palestine de Sciences Po.

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Ces faits ont provoqué un véritable tollé politique ainsi que la visite surprise au conseil d’administration de l’école du premier ministre, Gabriel Attal, et de la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, M. Attal dénonçant une « dérive liée à une minorité agissante et dangereuse à Sciences Po » et affirmant : « Le poisson pourrit par la tête. » L’établissement a promis, de son côté, d’être « intraitable » en ce qui concerne l’antisémitisme.

Une conférence de Jean-Luc Mélenchon à l’université de Bordeaux avait déjà été annulée en octobre, ainsi qu’une autre à Rennes il y a deux semaines.

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Le Monde avec AFP

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