dimanche, décembre 29

Parti de rien, après avoir connu la rue et les galères, Silamaka Soukouna, alias « Silax », est devenu un roi de la pâtisserie.
C’est en plein cœur de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), la ville qui l’a vu grandir, qu’il a décidé d’ouvrir sa boutique il y a trois ans.
Le JT de TF1 nous conte son fabuleux destin.

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À l’image du conte de fées qu’il vit désormais, Silamaka Soukouna, alias Silax, a inscrit en lettres blanches sur le mur de sa boutique de Fontenay-sous-bois (Val-de-Marne) : « Il était une fois… la pâtisserie ». Rien ne prédestinait pourtant cet artisan d’origine malienne à marier couleurs et saveurs dans cette ville qui l’a vue grandir. 

Mais trois ans après l’ouverture, le succès est au rendez-vous avec des clients qui viennent parfois de loin pour s’approvisionner en boîtes de gâteaux pleines à craquer. « Je fais à peu près une bonne dizaine de kilomètres pour venir. Il suffit de voir les produits. Vous n’avez pas tout un accoutrement, un feu d’artifice esthétique, c’est juste bon en fait », explique l’un d’eux dans la vidéo ci-dessus. « On connaît tous un peu son histoire, on apprécie ce qu’il fait, on apprécie la qualité des pâtisseries, il n’y a pas besoin de plus », complète un autre.

Je me suis toujours dit qu’il fallait que je m’en sorte.

Silamaka Soukouna, alias Silax

Pas besoin de plus, sauf peut-être pour Silax. Car pour chasser le sentiment d’être différent, il lui a fallu plus d’efforts et plus d’acharnement. « Sur mes trois années de formation, j’étais le seul noir. Et même quand j’arrivais dans les grosses maisons, avant de te prendre au sérieux, on va d’abord te prendre pour le plongeur », dit-il. En gros, celui qu’on ne regarde pas. C’est comme ça que la vie de Silax a commencé. Il a grandi dans une famille franco-malienne qui a connu la rue, notamment dans le campement de l’Esplanade de Vincennes. « En 1992, j’avais six ans et on vivait dans des tentes, moi, mes frères et sœurs et mes parents. Je me souviens beaucoup du froid, de la pluie. La tente était inondée d’eau, du coup, on ne pouvait pas dormir », se souvient-il. 

Silamaka y reste quelques mois avant d’être relogé par la Croix-Rouge dans des préfabriqués. « Je n’aimerais pas que mes enfants connaissent la même chose, et du coup, je me suis toujours dit qu’il fallait que je m’en sorte », explique-t-il. Celle qui va l’aider et lui faire découvrir la pâtisserie, c’est une voisine, souvent au fourneau, chez qui Silax vient jouer. Elle s’appelle Simone, et 30 ans plus tard, ni l’un ni l’autre n’ont oublié. « C’étaient les gâteaux de la Lorraine : les quiches Lorraine, les tartes aux pommes, les tartes aux oignons », détaille-t-elle. « Petit à petit, il m’a aidé. Je lui ai dit : ‘tiens, tu prends la balance, tu pèses ça, tu pèses ça' », se remémore-t-elle. 

Les années passent, et Silax, le jeune pâtissier, va saisir une opportunité : le confinement. Ses gâteaux pris en photo font de lui une star des réseaux sociaux. « J’ai eu tellement de demandes qu’à un moment, je me suis dit : ‘je vais vendre’. J’ai commencé à vendre, et en bas de chez moi, c’était devenu un drive. Là, je me suis dit, il est temps que je me lance, en fait », sourit-il. Et naturellement, il va s’installer là où il a grandi « pour montrer aux plus jeunes qu’on peut y arriver », loin des beaux quartiers de Paris où se trouvent d’habitude ce genre de pâtisseries. 

Silax part aussi en mission dans les cités. Avec l’association Happy Cook, il donne des cours gratuits à des étudiants à qui il apprend à cuisiner avec des restes ou des ingrédients bon marché. De la générosité pour lutter contre la précarité, définitivement.


Virginie FAUROUX Reportage : Sylvain Millanvoye et Jean-Philippe Hequette

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