Au moins douze migrants sont morts, mardi, quand leur embarcation s’est disloquée alors qu’ils tentaient de gagner l’Angleterre.
Un drame qui fait de 2024 l’année la plus meurtrière depuis le début des traversées.
Sur place, les habitants sont choqués.
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Crise des migrants : naufrage meurtrier au large de Calais
Toute la journée, d’importants moyens de recherche et de sauvetage ont été mobilisés. Ce mardi 3 septembre, à cinq kilomètres au large des côtes, une embarcation de fortune transportant 65 personnes, des migrants d’origine africaine, a chaviré en mer. Douze personnes ont perdu la vie, dont des femmes et des enfants. Deux personnes sont encore portées disparues. Au Portel (Pas-de-Calais) ce soir, l’émotion est vive. « C’est des gens qui fuient les guerres, qui fuient des choses terribles, et j’arrive pas à comprendre moi », témoigne une habitante très émue.
Le canot s’est trouvé en difficulté au large du Cap Gris Nez en fin de matinée avec plus de 60 personnes à bord, a rapporté la préfecture maritime de la Manche (Premar). Un navire affrété par l’État, qui l’avait repéré, s’est porté à son secours dès qu’il s’est disloqué, a détaillé à l’AFP le lieutenant de vaisseau Etienne Baggio. Selon le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec le Bras, les naufragés sont « essentiellement érythréens », et parmi les victimes décédées, dont la moitié sont mineurs, se trouvent dix femmes et deux hommes.
Malheureusement, avec cet été qui persiste, on aura encore d’autres drames dans les semaines et dans les mois qui viennent
Malheureusement, avec cet été qui persiste, on aura encore d’autres drames dans les semaines et dans les mois qui viennent
Olivier Barbarin, maire du Portel
En cette fin d’été, les conditions climatiques sont propices aux traversées clandestines. Les passeurs n’hésitent pas à faire embarquer des dizaines de migrants dans des embarcations de fortune, en échange d’importantes sommes d’argent. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui s’est rendu à Boulogne-sur-Mer, a ainsi appelé à la signature d’« un traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne » pour tenter de mettre un terme aux départs clandestins.
« Tous ces drames continuent, année après année, malheureusement, avec cet été qui persiste, on aura encore d’autres drames dans les semaines et dans les mois qui viennent », dénonce Olivier Barbarin, le maire du Portel. Une enquête a été ouverte, notamment pour homicide involontaire aggravé. Aucune interpellation n’a encore eu lieu à ce stade. Avec ce naufrage, au moins 37 personnes ont perdu la vie dans ces traversées depuis janvier 2024, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des bateaux de fortune sur la Manche.
En tout, près de 136.000 personnes ont traversé la Manche sur des « small boats » à partir de la France depuis que le Royaume-Uni a commencé à comptabiliser ces arrivées en 2018. Le phénomène s’est développé en réponse au verrouillage croissant du tunnel sous la Manche et du port de Calais pour enrayer les intrusions de migrants. Sur les six premiers mois de l’année 2024, les traversées illégales de la Manche vers le Royaume-Uni ont atteint un nombre record, selon les autorités britanniques, qui décomptent mardi l’arrivée par ce moyen de 21.615 migrants depuis janvier.