L’affiche de la finale du Masters ATP relevait de la logique. De l’évidence, même. Le traditionnel rendez-vous de fin d’année, qui réunit les huit meilleurs joueurs du monde, n’est-il pas, après tout, « le tournoi des maîtres » ? A l’heure du bilan de la saison 2025, difficile de trouver mieux qu’un duel entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner pour incarner l’expression, tant le numéro un mondial espagnol de 22 ans et son dauphin italien, 24 ans, dominent le circuit.
Dimanche 16 novembre, sur le court de l’Inalpi Arena de Turin, le duo a tenu son rang, se livrant une bataille de haut vol sur le court, sous les yeux du Brésilien Gustavo Kuerten, triple lauréat de Roland-Garros et vainqueur du Masters il y a 25 ans. Jusqu’à ce que Jannik Sinner ne finisse par s’imposer en deux sets, 7-6[7/5], 7-5, après 2 h 15 d’efforts. Le Transalpin pouvait, une fois n’est pas coutume, laisser éclater sa joie, tombant à terre : il conserve sa couronne et poursuit son incroyable série sur dur indoor, avec désormais 31 victoires d’affilée sur la surface.
Carlos Alcaraz savait que son rival partait légèrement favori de cette finale, la sixième disputée cette année entre les deux joueurs – dont trois en Grand Chelem. Le Murcien n’avait jusqu’alors jamais atteint ce stade au Masters quand Jannik Sinner, tenant du titre, n’y avait plus concédé un set depuis l’édition 2023 et son face-à-face perdu contre Novak Djokovic, en 2023 (3-6, 3-6) – une statistique qui tient donc toujours.
Sans compter que l’Italien jouait devant son public. « Carlitos » avait plaisanté d’ailleurs, avant l’échéance, sur ses espoirs de pouvoir bénéficier « au moins » des encouragements « de trois, quatre personnes ». Malgré une enceinte acquise à la cause du local, il a pu constater le respect du public à son égard.
« On hausse vraiment notre niveau de jeu »
L’Espagnol n’a pas à rougir de sa performance du soir. Loin de là. Après une première manche accrochée, jugée au tie-break, il s’est même offert l’engagement de son adversaire dès l’entame de la seconde. Or, Jannik Sinner n’avait plus perdu son service depuis le deuxième set du quart de finale du Masters 1000 de Paris, face à l’Américain Ben Shelton… soit 65 jeux de rang ! Mais, sans doute diminué par une gêne à la cuisse droite, le Murcien finira par céder. Jannik Sinner scellant sa victoire sur sa première balle de match.
« Carlitos » mène toujours largement au bilan de leurs confrontations, dix victoires à six, dont quatre à deux en 2025. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, l’issue du face-à-face de dimanche semblait presque accessoire. Jannik Sinner et Carlos Alcaraz sont si loin de leurs concurrents, que même la défaite n’apparaît pas vraiment comme telle, au regard des bras de fer produits. « Chaque fois qu’on s’affronte, on hausse vraiment notre niveau de jeu », reconnaissait d’ailleurs le second, à la veille du rendez-vous.
Les deux joueurs se sont notamment partagés, pour la deuxième année consécutive, les quatre levées du Grand Chelem – Roland-Garros et l’US Open pour l’Espagnol ; l’Open d’Australie et Wimbledon pour l’Italien – y croisant même la raquette, en finale, à trois reprises. Seul l’Allemand Alexander Zverev est venu troubler leur duo, à Melbourne, au mois de janvier. Une éternité. Si leur ultradomination risque de lasser, le spectacle, lui, est toujours au rendez-vous.











