- Frédéric Péchier est accusé de 30 empoisonnements dont 12 mortels.
- Son procès se déroule depuis septembre à Besançon.
- La famille de l’ancien anesthésiste a fait bloc derrière lui ce lundi.
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L’ex-anesthésiste Frédéric Péchier jugé pour une affaire d’empoisonnements hors norme
« Jamais, jamais on n’a pu douter de son innocence »
. Marie-José Péchier, la mère de l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier jugé depuis septembre par la cour d’assises du Doubs pour 30 empoisonnements sur ses patients dont 12 mortels commis entre 2008 et 2017, s’est employée ce lundi 1er décembre à défendre son fils. Persuadée de son innocence, la famille de Frédéric Péchier a fait bloc ce lundi derrière l’ancien anesthésiste de Besançon, à l’orée d’une semaine dominée par l’étude de la personnalité de cet homme, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
« Je sens au fond de mon cœur que mon fils est innocent »
, a martelé devant la cour d’assises du Doubs la mère de l’accusé. « Il a eu une enfance heureuse et je ne comprends pas pourquoi il se serait transformé en serial killer du jour au lendemain. »
Les parents de Frédéric Péchier, son ex-femme et l’une de ses filles se sont succédé à la barre pour dessiner le portrait d’un homme « altruiste, généreux »
, d’un père aimant, d’un mari « attentionné »
et d’un médecin anesthésiste-réanimateur qui « aimait son métier »
.
Son frère cadet, Marc Péchier, a spontanément raconté comment sa sœur, son autre frère et lui-même avaient « convoqué »
Frédéric Péchier dimanche, se disant « chamboulé »
par les empoisonnements démontrés au cours des deux mois et demi de procès. « On lui a hurlé dessus : ‘dis-nous la vérité !' »
, a-t-il raconté. « Mon frère s’est effondré. Il a pleuré, beaucoup. Il a parlé aussi : de son enfance, de ses erreurs pendant l’instruction, de sa vie d’avant »
, mais il a maintenu être innocent. « Devant moi, j’ai vu un homme, et j’ai vu son âme. Il ne mentait pas »
, a-t-il dit, lui aussi convaincu de l’innocence de son frère. Le père de l’accusé, Jean-Michel Péchier, 78 ans, s’est lui dit « fier »
de son fils, devenu anesthésiste comme lui, assurant n’avoir « jamais eu de contentieux »
avec lui.
Son ex-femme Nathalie Péchier à la barre
Le commandant de police Laurent Dumont a évoqué de son côté les « failles personnelles »
de Frédéric Péchier, dominé par son père puis par sa femme, évocatrices selon lui d’un « tueur en série »
.
Frédéric Péchier a vécu chez ses parents jusqu’à ses 24 ans, avant de partir à Besançon pour ses études. Revenu vivre chez eux à Poitiers après sa mise en cause judiciaire, en 2017, il a perdu son emploi, son statut social et divorcé de son épouse. C’est chez ses parents que, fortement alcoolisé, il s’est défenestré en 2021. « Frédéric est un homme détruit. Il n’a pour lui que sa famille et l’amour inconditionnel de ses propres enfants »
, a déclaré sa mère.
Selon le directeur d’enquête Olivier Verguet, « la seule personne qui aurait les clés pour le déverrouiller, c’est madame Péchier »
. Il a estimé que son ex-femme Nathalie Péchier avait une « emprise sur son époux »
. « Je n’étais pas une épouse soumise et Frédéric n’était pas un mari soumis, nous étions juste un couple qui travaillait, avec de jeunes enfants »
, a rétorqué lundi devant la cour Nathalie Péchier. Elle avait demandé à son mari de moins travailler pour être davantage présent dans la vie de famille.
Le verdict attendu le 19 décembre
L’avocate générale Christine de Curraize s’est interrogée sur ce mari « écartelé »
: « comment pouvait-il s’en sortir ? Il fallait qu’il soit plus à la maison et en même temps qu’il soit le meilleur au travail »
. Son ex-épouse Nathalie Péchier a raconté un « couple très fusionnel »
qui s’est « beaucoup aimé »
, et a dépeint une vie de famille aisée, idyllique, malgré une tentative de suicide du père de famille en 2014, le suivi psychologique de son mari dépressif et l’ombre du divorce qui a plané plusieurs années. Les époux ont finalement divorcé en 2021, tout en restant proches. « Si j’avais le moindre doute quant à la culpabilité de Frédéric, je ne serais pas là pour le défendre. Si j’avais le moindre doute, il n’approcherait pas mes enfants »
, a affirmé cette cardiologue à la barre.
Les proches de l’accusé entendus lundi ont tous fait part de leur « besoin de vérité »
et dénoncé « une enquête à charge contre lui depuis le départ, sans aucune preuve »
. Des témoins ont dit à la barre leur plaisir à travailler avec le docteur Péchier, un médecin avec de « l’empathie »
, « sympa »
et « très professionnel »
. Le verdict est attendu d’ici au 19 décembre.




