Entre allégations journalistiques dépourvues de sources, esquisses de manœuvres politiciennes, ombres judiciaires et dénonciations complotistes, la Rome du pouvoir s’offre une crise politico-médiatique estivale tandis que le reste du pays reste figé dans la torpeur du mois d’août. Les passes d’armes se poursuivaient, lundi 19 août, entre la majorité de la présidente du conseil Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia, parti national conservateur) et des représentants de l’opposition accusés, avec une partie de la magistrature, de faire le jeu d’une conspiration antidémocratique visant le gouvernement par le truchement de la sœur aînée de la cheffe de l’exécutif, Arianna Meloni. Très proche de la présidente du conseil, cette dernière est également une cadre dirigeante de son parti.
Entre les sœurs Meloni, la question des frontières séparant relations familiales et rapports politiques n’a jamais cessé de se poser depuis l’entrée en fonction de la majorité dominée par l’extrême droite. Arianna Meloni, secrétaire politique en charge des adhésions de Fratelli d’Italia, mariée à un poids lourd du gouvernement – le ministre de l’agriculture Francesco Lollobrigida – passe, en effet, avec ce dernier pour l’une des rares personnes ayant la confiance de la présidente du conseil. Le débat a été relancé à la mi-août par deux articles non sourcés lui attribuant un rôle politique indu dans des nominations relevant de la compétence de l’exécutif.
D’abord, le quotidien Il Fatto quotidianno a fait état – sans source ni preuve – d’une réunion restreinte lors de laquelle Arianna Meloni aurait influé sur le maintien en poste d’alliés politiques au sein de l’audiovisuel public italien, la RAI. Un article de La Repubblica a ensuite insinué qu’elle pourrait avoir eu son mot à dire sur la sélection d’un éventuel futur administrateur délégué de Trenitalia, filiale passagers du groupe ferroviaire d’Etat Ferrovie dello Stato – au cœur d’une polémique liée aux retards exceptionnels enregistrés cet été sur les lignes de la péninsule.
Il n’en a pas fallu davantage pour que l’ancien président du conseil, sénateur et président du parti centriste d’opposition Italia Viva (IV), Matteo Renzi, qui tente de jouer sa carte au sein d’une hypothétique alliance des adversaires du gouvernement Meloni, ne s’empare de l’affaire. Dans un post sur le réseau social X, ce dernier, en s’appuyant sur les conclusions incertaines de ces articles de presse, a accusé Fratelli d’Italia d’être le parti de la « parentocratie ». Des parlementaires d’IV ont également réclamé des éclaircissements sur les deux affaires, provoquant des réactions déchaînées de la majorité. Une sénatrice de Fratelli d’Italia, Paola Mancini a ainsi qualifié M. Renzi de « parrain raté de province ».
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