dimanche, décembre 29

Peu de premiers ministres israéliens ont disposé d’autant d’atouts stratégiques que Benyamin Nétanyahou en cette fin d’année 2024. Après quinze mois de frappes particulièrement dévastatrices pour les civils de Gaza, l’armée israélienne a affaibli sans doute comme jamais par le passé l’aile militaire du Hamas responsable de l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, et décapité sa direction politique.

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Le même marteau-pilon est parvenu aux mêmes résultats à l’automne avec le Hezbollah au Liban, entraîné dans ce conflit, sans épargner non plus les civils pris au piège. Enfin, un rouage essentiel de l’axe pro-iranien, le régime de Bachar Al-Assad, a été emporté le 8 décembre en Syrie par une offensive foudroyante de rebelles islamistes, alors que les premiers affrontements directs entre Israël et l’Iran survenus cette année ont souligné les limites flagrantes de la République islamique.

Ce bilan met en évidence la surpuissance militaire d’Israël. Elle a été garantie dans cette épreuve par le soutien constant des Etats-Unis, sans que ces derniers, par faiblesse politique, aient vraiment cherché à obtenir la moindre contrepartie de la part de la coalition au pouvoir dans l’Etat hébreu. Les circonstances, qu’il s’agisse de l’ossification parvenue à un stade ultime du régime syrien comme de la guerre en Ukraine, qui a empêché la Russie d’intervenir une nouvelle fois pour le sauver, ont également joué au bénéfice d’Israël.

Indifférence internationale inexcusable

Benyamin Nétanyahou, qui n’a toujours pas rendu le moindre compte pour le fiasco sécuritaire à l’origine des massacres du 7 octobre 2023, a donc les coudées franches. C’est ce qui rend d’autant plus inquiétant le traitement inhumain qu’il continue d’infliger aux habitants de Gaza, toujours dans l’attente d’un cessez-le-feu. Ce dernier permettrait la libération des otages israéliens qui y sont toujours retenus dans des conditions dramatiques.

La mise hors service du dernier hôpital encore en fonction situé dans le nord de l’étroite bande de terre, annoncée le 27 décembre par l’Organisation mondiale de la santé à la suite d’un raid israélien, s’inscrit dans une logique de guerre permanente qu’illustre également la réoccupation militaire israélienne d’axes permettant une fragmentation territoriale délétère.

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Cette logique de guerre permanente fait que le bilan effroyable des morts palestiniens, désormais supérieur à 45 000, ne cesse de s’aggraver. Elle laisse béante la question de la survie à Gaza, et encore plus celle, totalement illusoire en l’état, de la reconstruction d’un territoire ravagé que les autorités israéliennes continuent arbitrairement de couper du monde. Faute de la moindre coordination avec des Palestiniens pour rétablir un minimum d’ordre, elle installe en outre un chaos qui ajoute à leur calvaire, dans une indifférence internationale inexcusable.

L’Etat hébreu sait pourtant que les succès militaires obtenus dans de telles conditions ne peuvent régler durablement les conflits politiques. Et qu’il perd une partie des valeurs qu’il a longtemps revendiquées en s’abîmant dans le bourbier créé à Gaza. Ces raisons devraient pousser à une remise en cause de la logique de guerre au bénéfice d’une logique de paix. Si Benyamin Nétanyahou s’en montre incapable, qui en Israël saura tenir un tel discours de vérité ?

Le Monde

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