Xi Jinping cherche à renforcer davantage son pouvoir lors de la session du Parlement chinois

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Moment extrêmement ritualisé de la vie politique pékinoise, l’ouverture de la session annuelle du parlement chinois n’est guère propice à l’effusion des sentiments. Pourtant, ce dimanche 5 mars constituait une date importante. En poste depuis mars 2013, le premier ministre, Li Keqiang, ne présentait pas n’importe quel rapport d’activité. Il faisait par la même occasion ses adieux aux 2 848 délégués présents dans l’immense salle du Palais du Peuple, place Tiananmen.

Dans quelques jours, Xi Jinping sera à nouveau désigné président de la République mais il aura à ses côtés un nouveau premier ministre, Li Qiang, secrétaire du Parti communiste de Shanghaï jusqu’en octobre dernier. Un homme que Xi a choisi alors que Li Keqiang lui avait été imposé par ses prédécesseurs.

Signe des tensions entre Xi et Li : les médias chinois ont passé sous silence les adieux empreints d’émotion de Li aux équipes gouvernementales dans les jours précédant son départ. De même, fait rare, durant le discours du premier ministre sortant, dimanche, Xi Jinping a, à plusieurs reprises, discuté avec son voisin, Li Zhanshu, président du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire. Li Keqiang a fait court et sobre. Sans doute savait-il d’avance qu’il ne serait pas chaleureusement applaudi car cela aurait été mal perçu par Xi et de fait, les délégués ont fait, comme lui, le minimum.

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Le premier ministre n’a donc eu besoin que de 50 minutes pour passer en revue 2022 et présenter les priorités de 2023. Quelques chiffres retiennent l’attention. Pour 2023, le gouvernement mise sur une croissance d’« environ 5 % ». Une prévision particulièrement modeste. En 2022, le gouvernement avait parié sur une croissance « autour de 5,5 % ». Il est vrai qu’au final elle n’a été que de 3,2 % en 2022 alors que selon le Fonds monétaire international, elle pourrait atteindre 5,2 % cette année.

Un tableau plutôt sombre des mois à venir

L’inflation, qui n’a été que de 2 % en 2022 – grâce notamment au recours massif au charbon pour la production d’électricité a reconnu Li – devrait être de 3 % cette année. Surtout, les dépenses militaires seront en hausse de 7,2 %, pour atteindre 1 555 milliards de yuans (environ 211 milliards d’euros). Certes, le budget chinois de la défense reste très inférieur à celui des Etats-Unis (766 milliards d’euros) mais l’augmentation est symboliquement supérieure à celle de 2022 (7,1 %).

S’il n’a évoqué ni les Etats-Unis, ni la Russie, ni la guerre en Ukraine, Li Keqiang a, comme chaque année, consacré quelques phrases à Taïwan. « Nous travaillerons pour la réunification de la patrie, promouvrons le développement pacifique des relations entre les deux rives du détroit et ferons avancer le processus de réunification pacifique de la patrie ». Contrairement à 2022, il n’a pas dénoncé les « activités sécessionnistes » ni les « ingérences extérieures ».

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