L’armée américaine a diffusé, jeudi 16 mars, des images de l’interception au-dessus de la mer Noire de son drone par l’armée russe, montrant un chasseur aspergeant de carburant l’aéronef, que l’on aperçoit ensuite avec une pale d’hélice endommagée.
La séquence vidéo, mise en ligne sur le site du commandement des forces armées américaines en Europe, dure quarante-deux secondes et montre un Sukhoï-27 (Su-27) russe passant à deux reprises juste au-dessus du drone, après l’avoir approché par l’arrière. Le Reaper MQ-9 s’est ensuite abîmé dans les eaux internationales. Moscou admet l’interception de l’appareil par ses avions de chasse mais nie tout contact ayant conduit à l’accident.
Lors du premier passage, aucun choc n’est visible et rien ne semble avoir causé la chute du drone. La manœuvre « perturbe la transmission vidéo », commente le commandement américain en Europe, relevant le fait que l’hélice du drone « peut être vue et reste intacte ». Lors du second passage, l’appareil passe encore plus près du drone. La transmission des images est alors interrompue pendant soixante secondes. Lorsqu’elle reprend, « l’hélice peut être vue de nouveau et on peut constater qu’une des pales est endommagée », relève l’US Air Force.
« Franchement limite »
La « manœuvre est franchement limite », a jugé un pilote de chasse d’une armée européenne interrogé par l’Agence France-Presse, soulignant que, selon les règles en vigueur habituellement, une interception en plein ciel par un avion de combat se fait « en parallèle » de l’aéronef et jamais à une distance aussi réduite.
Mardi, le général James Hecker, commandant de l’US Air Force en Europe, avait annoncé qu’un Reaper MQ-9 effectuant « des opérations de routine dans l’espace aérien international » avait été intercepté par des chasseurs Su-27 puis « percuté par un avion russe, entraînant le crash et la perte » du drone.
C’est la première fois depuis le début de l’invasion russe contre l’Ukraine, le 24 février 2022, qu’un pays de l’OTAN reconnaît la perte d’un équipement utilisé par ses propres forces dans la région. A Moscou, on dit vouloir repêcher le drone pour prouver l’implication des Etats-Unis dans les opérations en Ukraine. Sergueï Choïgou, ministre de la défense, a mis mercredi l’accident sur le compte du « renforcement » des opérations d’espionnage américaines.
L’administration américaine assure, quant à elle, que des mesures avaient été prises pour protéger d’éventuelles données sensibles. « Nous sommes convaincus que ce qui avait de la valeur n’en a plus », a déclaré le général Mark Milley, chef d’état-major de l’armée américaine.