Vladimir Poutine supprime le régime de visa pour les citoyens géorgiens

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La Russie a supprimé, mercredi 10 mai, le régime de visa pour les citoyens géorgiens, selon un décret publié sur le site Internet du gouvernement. A partir du 15 mai, les Géorgiens seront autorisés à entrer en Russie sans visa, sauf s’ils viennent pour y travailler ou comptent y rester plus de quatre-vingt-dix jours. Un autre décret présidentiel lève l’interdiction des vols directs des compagnies aériennes russes vers la Géorgie.

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La Russie avait imposé unilatéralement cette interdiction en 2019, après des manifestations antirusses dans cette ancienne république soviétique de 3,7 millions d’habitants. Moscou veut ainsi « faciliter les conditions de communication et les contacts entre les habitants de Russie et de Géorgie », a déclaré le ministère des transports russe. Les compagnies aériennes russes opéreront sept vols hebdomadaires entre Moscou et Tbilissi, a-t-il assuré.

Cette décision s’inscrit dans un contexte de rapprochement entre le gouvernement géorgien et le Kremlin, malgré l’hostilité de la population géorgienne, dont 80 % est proeuropéenne. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, la Géorgie, dirigée dans l’ombre par l’oligarque milliardaire Bidzina Ivanichvili, revendique sa « neutralité » dans le conflit. Elle a ainsi refusé d’adopter des sanctions économiques contre la Russie et de fournir une assistance militaire à Kiev, tout en accueillant des milliers de réfugiés ukrainiens.

« Renforcer les sentiments prorusses »

Après l’annonce concernant les visas et les vols directs, la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, dont le rôle, dans ce pays au régime parlementaire, est essentiellement honorifique, a dénoncé une « nouvelle provocation » de la part de la Russie. « Reprendre les vols directs et lever l’interdiction de visa avec la Géorgie est inacceptable, tant que la Russie poursuit son agression contre l’Ukraine et occupe notre territoire ! », a-t-elle déclaré sur Twitter. La Russie et la Géorgie se sont livrées à une courte guerre, en 2008, qui a entériné la perte de contrôle par la Géorgie de deux régions séparatistes prorusses, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, où, depuis, stationnent des troupes russes. Dans la foulée, Tbilissi avait rompu ses liens diplomatiques avec Moscou.

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Par son décret, aujourd’hui, le Kremlin entend « renforcer les sentiments prorusses au sein des élites et de la société géorgiennes », estime la journaliste russe en exil Farida Roustamova. « Poutine a agi de la même manière en 2013, en Ukraine : il a forcé [l’ex-président ukrainien] Ianoukovitch à refuser de signer l’accord d’association avec l’Union européenne [UE] en échange d’une aide financière et de gaz bon marché. Cela s’est terminé par le renversement d’Ianoukovitch et une guerre entre la Russie et l’Ukraine », a-t-elle commenté sur Telegram. La Géorgie s’est vu refuser, en juin 2022, le statut de candidat officiel à l’UE, mais son dossier doit être réexaminé d’ici à la fin de l’année par Bruxelles, qui tranchera en décembre.

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