« Un statut international propre aux acteurs humanitaires valable en toutes circonstances serait souhaitable et protecteur »

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Les chiffres publiés concernant les attaques contre les acteurs humanitaires doivent nous alerter. En dépit des efforts importants réalisés par les organisations humanitaires, le nombre d’incidents qui visent délibérément leurs équipes ne diminue pas. Le rapport annuel sur la sécurité des humanitaires conclut que, pour l’année 2022, un total de 444 travailleurs humanitaires ont été touchés dans l’exercice de leur fonction, dont 116 sont morts.

Les données confirment également le transfert du risque vers les employés nationaux, qui représentent désormais 90 % des victimes. Le rapport souligne enfin un autre facteur aggravant qui m’est malheureusement familier(1) ; l’augmentation significative des cas de kidnapping, qui passent de 24 en 2002 à 185 en 2022 ; avec un accroissement de 68 cas sur cette seule dernière année.

Les actes hostiles contre les humanitaires constituent des obstacles majeurs à l’accès, d’une part, des acteurs humanitaires aux populations et, d’autre part, des populations aux secours et à la protection que leur garantit le droit international. Il faut se saisir davantage de ce problème.

Renforcer la formation des humanitaires

L’approche de gestion du risque qui prévaut au sein du secteur humanitaire concentre les efforts sur l’amélioration des procédures internes aux organisations humanitaires relatives à la sécurité. Elle met également l’accent sur la responsabilité individuelle des humanitaires une fois qu’ils ou elles sont déployé(e)s en mission.

Les ONG, agences des Nations unies et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont ainsi depuis des années des départements en charge de la sécurité de leurs équipes. Tout humanitaire, qu’il soit local ou international, a reçu, avant son déploiement en mission, une formation obligatoire à la sécurité, qui est renouvelée à échéances régulières.

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S’il faut continuer de renforcer la formation des humanitaires – et en particulier les équipes nationales qui sont les plus exposées –, il faut également sensibiliser davantage les autorités au droit international humanitaire (DIH) et surtout renouveler les efforts diplomatiques afin de renforcer les cadres de protection concrets sur le terrain.

Un vide légal qui facilite une impunité presque totale

Même si la collecte de données s’améliore, elle reste parcellaire et ne couvre pas l’étendue des risques liés au métier d’humanitaire à travers le monde. Un cadre élargi d’analyse semble indispensable, qui doit inclure, au-delà des atteintes à la sécurité physiques (arrestations, blessures, enlèvements et meurtres), la tendance à la criminalisation du devoir d’assistance et plus largement des actions de solidarité.

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