Sans illusion, Joe Biden exhorte le Congrès à imposer des restrictions sur les armes à feu aux Etats-Unis

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« Faites-le maintenant. Cela suffit ! » Joe Biden a adopté un ton offensif, mardi 14 mars, pour faire passer son message au Congès sur la nécessité de légiférer pour limiter la circulation des armes à feu aux Etats-Unis.

Le président démocrate, venu auprès de la communauté asiatique de Monterey Park, en Californie, endeuillée par une fusillade récente dans un dancing, a annoncé une nouvelle salve de mesures réglementaires pour réduire la violence par armes à feu, mais il a aussi rappelé qu’il appartenait aux parlementaires d’imposer de réelles restrictions face aux fusillades qui rythment la vie du pays. Ce sont les Etats qui sont compétents en matière d’achat, de propriété et de port d’armes à feu. Seule une loi fédérale pourrait s’imposer à eux.

« Soyons clairs. Rien de tout ça ne délivre le Congrès de sa responsabilité », a-t-il dit, après avoir présenté les derniers décrets.

Il a appelé le Parlement divisé – avec un Sénat aux mains des démocrates mais une Chambre des représentants dominée par l’opposition républicaine – à imposer des vérifications systématiques d’antécédents pour les achats d’armes à feu, à supprimer la protection des fabricants d’armes face aux risques de plaintes, et surtout à interdire les fusils d’assaut. Mais il est très peu probable que son appel soit entendu : les conservateurs, fervents défenseurs du droit constitutionnel à avoir des armes, s’opposent en effet à tout durcissement législatif notable dans un pays qui compterait quelque 393 millions d’armes à feu civiles pour 331,9 millions d’habitants.

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Déjà plus de 8 400 par armes à feu en 2023

Joe Biden a évoqué les onze victimes tombées le 21 janvier sous les balles d’un septuagénaire, en veillant à personnaliser son évocation. Il a rappelé par exemple le souvenir d’une femme de 62 ans qui aimait « jouer aux cartes » et « partager les légumes de son jardin avec ses voisins et amis ». Ou la mémoire d’un homme de 72 ans, au « sourire contagieux » et « mort en protégeant sa cavalière. » Joe Biden avait été accueilli à sa descente d’avion à Los Angeles entre autres par Brandon Tsay, qui avait réussi à désarmer le tireur de Monterey Park alors que ce dernier s’apprêtait à attaquer un second dancing.

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La Maison Blanche avait précédemment annoncé de nouvelles mesures réglementaires pour renforcer à la marge la vérification des antécédents pour les achats d’armes à feu. L’exécutif veut aussi encourager le recours au signalement d’individus potentiellement violents, que la justice peut alors priver d’armes à feu, et faire face à l’explosion – + 250 % entre 2018 et 2022 – du nombre d’armes déclarées comme « volées » ou « perdues » pendant leur transport entre marchands.

Joe Biden veut aussi renforcer la pression sur le puissant secteur des armes à feu. Il « encourage » par ailleurs l’agence fédérale du commerce, un organisme indépendant, à publier un rapport sur la vente et la promotion d’armes à feu auprès des mineurs.

Selon le décompte du site Gun Violence Archive, plus de 8 400 personnes ont trouvé la mort en raison des armes à feu depuis le début de l’année aux Etats-Unis, dont plus de la moitié par suicide. Le même site a recensé sur la même période 110 fusillades ayant blessé ou tué au moins 4 personnes – sans compter le tireur.

Le Monde avec AFP

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