« Pour lutter contre le réchauffement climatique, la mobilisation industrielle américaine en 1939-1945 est peut-être aussi une source d’inspiration »

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Dôme de chaleur, températures record, incendies gigantesques… Cet été encore, les preuves du changement climatique sont évidentes, sensibles, douloureuses. Pourtant, les grandes politiques publiques font toujours défaut. La crise écologique est encore et toujours reléguée dans un ministère spécifique. En France comme ailleurs, elle est une dimension des politiques publiques au moment où elle devrait en être le centre.

Comment donner une place centrale à cette crise vitale pour l’humanité ? Comment la mettre au cœur d’une puissante politique générale ? La solution est-elle du côté de la guerre et de ses ressorts économiques, comme le suggérait le titre d’un colloque qui s’est tenu le 10 juin au Collège des Bernardins, « Pour une économie de guerre climatique ? » ? Il s’agissait d’inviter nos économies et nos sociétés à lutter contre le réchauffement climatique en suivant les principes d’une économie de guerre, c’est-à-dire un engagement guerrier de tout l’appareil économique contre un ennemi bien identifié.

Un formidable laboratoire social, technique et économique

Le parallèle avec la mobilisation industrielle américaine de la seconde guerre mondiale est particulièrement éclairant. En engageant les Etats-Unis sur la voie de l’« arsenal de la démocratie » en 1940, le président Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) a amorcé un processus décisif.

Autour d’une grande cause démocratique contre les forces de l’Axe (Allemagne nazie et Italie fasciste), l’objectif était de réorienter radicalement l’économie américaine. Le pari était loin d’être gagné. Seulement dix-neuvième puissance militaire mondiale, aux prises avec un chômage massif (plus de 20 %) reparti à la hausse depuis 1937, déchiré par des tensions sociales profondes, le pays de l’Oncle Sam est pourtant ressorti totalement transformé des années de guerre.

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En 1945, les Etats-Unis sont la première puissance militaire et économique mondiale, réalisent la moitié du produit intérieur brut planétaire, ont un taux de chômage de 1 % et sont au centre d’une nouvelle géopolitique. Au cœur de cette mutation radicale, on trouve une économie largement reconvertie (on ne produit plus de voitures), un formidable laboratoire social, technique et économique, une société tout entière consacrée à la victoire.

Recourir aujourd’hui à l’imaginaire de la mobilisation industrielle américaine, à ses pratiques, à son changement d’échelle stratégique, est alors tentant. Pourquoi ne pas entrer à notre tour dans cette grande mobilisation existentielle ? Pourquoi ne pas mettre l’économie au service d’une stratégie plutôt que la stratégie au service de l’économie ?

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