Entre Emmanuel Macron et Maia Sandu, « il y a eu comme un coup de foudre », confie un diplomate. Dès février 2021, un an avant le début de la guerre en Ukraine, la présidente moldave était reçue à l’Elysée, où aucun de ses prédécesseurs n’avait mis les pieds depuis 1997. Elle a ensuite rencontré le chef de l’Etat à deux reprises, en France puis à Chisinau, qui n’avait pas accueilli de président français depuis vingt-quatre ans. Mercredi 8 mars, la secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Laurence Boone, à son tour, a fait le déplacement en Moldavie.
En cette journée internationale des droits des femmes, elle y a retrouvé ses homologues autrichienne, bulgare, allemande, lituanienne, suédoise et liechtensteinoise. Ensemble, elles ont exprimé leur soutien à Chisinau et réaffirmé son appartenance à la famille européenne, alors que la Moldavie, qui partage 1 000 kilomètres de frontière avec l’Ukraine, espère rejoindre l’Union européenne (UE).
Aujourd’hui, cette ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants, où la Russie compte des relais importants et multiplie les tentatives de déstabilisation, occupe une place particulière sur l’échiquier géopolitique communautaire. « La prochaine Ukraine pourrait être la Moldavie », affirmait, il y a un mois, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, usant d’une forme de rhétorique connue, de nature à justifier, par avance, une opération de renversement du pouvoir moldave au profit de responsables prorusses. « C’est une menace qui est prise très au sérieux », confirme Laurence Boone. « La Moldavie est dans un état de préparation à la guerre. » Dans ce contexte, « il faut empêcher que la Moldavie bascule du côté de Moscou », explique un diplomate européen.
Doublement du budget de la défense
Les Européens, en conséquence, ne ménagent pas leur aide. Ils ont ainsi prélevé 40 millions d’euros sur la facilité européenne pour la paix, qui ont permis à la Moldavie de doubler son budget de la défense. Surtout, à l’issue du conseil européen des 23 et 24 juin 2022, les Vingt-Sept lui ont accordé, en même temps qu’à Kiev, le statut de candidat à l’UE. Depuis, Maia Sandu a à cœur de montrer à Moscou, et plus encore à ses concitoyens, que cette étape n’est pas purement formelle. Afin de maintenir les projecteurs braqués sur son pays, elle multiplie les rencontres avec ses homologues occidentaux, comme au sommet de Davos, mi-janvier.
C’est dans cette logique que Chisinau a demandé à accueillir, le 1er juin, le deuxième rendez-vous de la Communauté politique européenne (CPE), voulue par Emmanuel Macron. « L’UE ne peut pas être le seul moyen de structurer le continent », expliquait-il, le 9 mai 2022, alors que, face à l’expansionnisme de Moscou, l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, tout comme les Balkans occidentaux, frappent à la porte de l’UE.
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