L’opposant cambodgien Kem Sokha condamné à vingt-sept ans de prison

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Il est peu dire que Hun Sen, l’indéboulonnable premier ministre cambodgien, n’entend prendre aucun risque à l’approche des élections législatives de juillet 2023. Kem Sokha, l’ancien défenseur des droits de l’homme et chef de file de l’opposition politique au Cambodge, a été condamné, vendredi 3 mars, par un tribunal aux ordres, à vingt-sept ans de prison pour « trahison et conspiration au profit d’une puissance étrangère » – en l’occurrence les Etats-Unis, même s’ils n’ont pas été directement nommés.

Le tribunal municipal de Phnom Penh a toutefois permis au politicien de 69 ans de bénéficier d’une assignation à résidence, sans permis de visite autre que familiale, le temps que durera son appel.

Ce verdict, qui a suscité de vives critiques de la part des ONG des droits de l’homme au Cambodge et à travers le monde, clôt une saga qui a commencé en septembre 2017 lors de l’arrestation surprise de M. Kem, alors président du Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), créé en 2012 suite à la fusion de son mouvement avec celui de l’autre opposant historique au régime, Sam Rainsy, contraint, lui, à l’exil par des modifications de la loi électorale taillées sur mesure pour le disqualifier.

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L’inculpation de Kem Sokha entraîne le mois suivant la dissolution du PSNC, alors première formation d’opposition du pays – laissant le champ libre au parti de M. Hun Sen, le Parti du peuple cambodgien (PPC), pour remporter l’année suivante l’intégralité des sièges au Parlement. M. Kem est libéré sous caution quelques mois plus tard sous pression de la communauté internationale et placé de facto en résidence surveillée. Son procès, qui débute en janvier 2020, sera ensuite ajourné au prétexte de la pandémie de Covid-19.

Un dossier mince contre Kem Sokha

« Du point de vue d’Hun Sen, innocenter Kem Sokha ou le condamner, c’était choisir entre la peste et le choléra. Il a choisi le choléra. La légitimité de son régime va en souffrir davantage mais ce n’est pas aussi “mortel” à court terme [pour lui] qu’innocenter Kem Sokha avec, comme corollaire, la réhabilitation du PSNC avant les élections du 23 juillet 2023 », écrit dans un courriel au Monde Sam Rainsy.

Le politicien exilé en France salue « le courage et la dignité » de son ancien allié, qui avait déclaré en 2022, lors d’une audience au tribunal, avoir mis fin à leurs relations politiques. « Cela n’a aucun sens pour moi de me “brouiller” avec Kem Sokha. Seule une opposition démocratique unie, dont Hun Sen a très peur, peut mettre un terme à son pouvoir autocratique. Il a donc pris ses désirs pour des réalités », nous explique-t-il.

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