L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dénoncé, samedi 16 septembre, un geste « sans précédent ». Plusieurs de ses inspecteurs chargés de contrôler le programme nucléaire iranien ont vu leur accréditation retirée par Téhéran.
« Aujourd’hui, la République islamique m’a informé de sa décision de retirer la désignation de plusieurs inspecteurs expérimentés de l’Agence », a écrit le directeur général, Rafael Mariano Grossi, dans un communiqué. Avec cette mesure, qui intervient après un autre cas récent, « l’Iran a supprimé un tiers du groupe central » d’experts, ce qui « affecte directement et drastiquement » la capacité de l’AIEA à mener sa mission et à garantir le caractère pacifique des activités nucléaires, regrette-t-il.
Si elle est en théorie permise par les accords liant l’AIEA à l’Iran, cette décision unilatérale est « disproportionnée et sans précédent », insiste M. Grossi. C’est « un pas de plus dans la mauvaise direction » et cela « porte un coup inutile à une relation déjà tendue », estime-t-il, appelant Téhéran à « revoir sa position » et à « rectifier le tir ».
Depuis plus de deux ans maintenant, l’AIEA peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance bien que la République islamique nie vouloir se doter de la bombe atomique.
« Refus délibéré de l’Iran de collaborer »
Téhéran a expliqué avoir pris cette mesure en riposte à l’avertissement lancé cette semaine par les Etats-Unis et les pays européens du groupe E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni), à l’occasion du conseil des gouverneurs réuni à Vienne, siège de l’AIEA.
Devant le « refus délibéré de l’Iran de collaborer avec l’Agence », ils ont brandi la menace d’une nouvelle résolution. Si la République islamique « ne met pas en œuvre les actions essentielles et urgentes » requises, le conseil des gouverneurs « devra être prêt à prendre d’autres mesures », avait prévenu le quatuor.
Pour l’heure, les puissances occidentales s’en sont tenues à une « déclaration conjointe » soutenue par une soixantaine de pays, exhortant Téhéran à « agir immédiatement » pour résoudre les contentieux avec l’AIEA. Une prise de position jugée inacceptable par le gouvernement iranien.
« Malheureusement », l’E3 et Washington « ont abusé de l’espace du conseil à des fins purement politiques », a accusé dans un communiqué le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Nasser Kanani, insistant sur « la nécessité de la neutralité de l’Agence ».
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La République islamique s’est affranchie progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015 connu sous l’acronyme JCPOA, en réaction au retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump. Ce pacte était censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales. Des discussions menées à Vienne par les différentes parties prenantes pour le ranimer ont échoué l’an passé.