Arrêté le 24 février 2022 en Iran, le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele a-t-il été pris en otage en gage de l’application d’un accord que Téhéran et Bruxelles négociaient depuis des mois ? En janvier 2023, il a été condamné à quarante ans de détention, 1 million de dollars d’amende (910 000 euros) et 74 coups de fouet pour espionnage.
Le piratage du système informatique du ministère des affaires étrangères iranien, dimanche 7 mai, par un groupe de hackers baptisé Ghyam Sarnegouni (« Du soulèvement au renversement »), proche de l’Organisation des Moudjahidines du peuple iranien, un mouvement en exil interdit en Iran, intéresse beaucoup la famille d’Olivier Vandecasteele.
Des centaines de procès-verbaux de réunions, des correspondances ministérielles, les identités et numéros de téléphone des 11 000 employés du ministère figurent parmi les informations subtilisées par Ghyam Sarnegouni, qui revendique une attaque ayant ciblé 210 sites et services en ligne. Le porte-parole du ministère à Téhéran, Nasser Kanaani, a reconnu l’attaque qui a visé son son institution tout en en minimisant l’ampleur.
Projet d’accord déchange
Parmi les documents piratés, révélés par le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) – émanation des Moudjahidines du peuple – et le groupe de hackers sur sa page de la messagerie Telegram, les opposants au régime des mollahs indiquent que les autorités belges envisageaient, avant même l’arrestation de M. Vandecasteele, la nécessité de conclure un accord d’échange de ressortissants belges et iraniens. Peut-être parce qu’elles se souciaient du sort d’Ahmadreza Djalali, un professeur de l’Université libre flamande de Bruxelles, médecin suédo-iranien, arrêté en Iran en 2018 et condamné à mort pour espionnage. Il est toujours en détention aujourd’hui.
Sans doute les responsables belges craignaient-ils aussi les conséquences de l’arrestation d’Assadolah Assadi, un membre de l’ambassade iranienne en Autriche, organisateur d’un projet d’attentat qui devait viser un meeting du CNRI à Villepinte, en juillet 2018. Appréhendé en Allemagne, transféré en Belgique où se trouvaient ses complices, le diplomate a été condamné à vingt ans de détention par le tribunal d’Anvers, en février 2021. Des échanges intensifs entre Bruxelles et Téhéran auraient eu lieu avant même le jugement. Cela pourrait expliquer qu’Assadi n’a, contrairement à ses trois complices, pas fait appel du jugement de première instance, tablant sur une conclusion rapide des négociations menées à son sujet.
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