Il y a foule, au club de tir Hollander, à Kfar Saba, au nord de Tel-Aviv. Les clients viennent par centaines pour la formation nécessaire à l’obtention d’un permis de port d’armes. L’exercice, des cours théoriques et pratiques, tient en une journée. Dans un gymnase, un groupe de neuf hommes âgés de la vingtaine à la soixantaine s’entraîne à dégainer, tire à blanc, met un genou à terre, change de chargeur, devant leur instructeur, un membre des forces spéciales israéliennes. « Il faut que vous rechargiez sans quitter l’ennemi des yeux. Vous n’êtes pas encore des Rambo, mais avec un peu d’exercice, vous allez le devenir », assène-t-il.
« Je suis venu pour avoir ma propre arme. Depuis l’attaque du 7 octobre, plus personne ne se sent en sécurité. Israël ne sera plus jamais comme avant. C’est en train de transformer les gens, la politique, l’armée… Je vis à côté des territoires arabes. Ce qu’a fait le Hamas, ça pourrait nous arriver. Ce n’est pas de la science-fiction », s’inquiète Amir Erez, 49 ans. Père de trois adolescentes, patron d’une petite entreprise de logiciels, il a dépensé 25 000 shekels – près de 6 000 euros – pour recevoir l’ensemble de la formation, ainsi que le pistolet et les munitions. Le but, pour lui et ses camarades, est d’être en mesure de tenir, en attendant l’arrivée des secours en cas d’attaque.
« Beaucoup de gens ne voulaient pas d’armes à la maison. Mais ça a changé. On va peut-être embaucher, pour faire face à l’afflux de nouvelles candidatures », commente Riki Hollander, la responsable du club – une affaire de famille. Roy, son fils, 24 ans, qui vient de finir son service comme instructeur de tir dans l’armée, estime qu’une arme est utile : « Ça peut ralentir une attaque. Les terroristes ne peuvent marcher librement dehors, s’ils sont sous la menace du feu. »
Des limites précises
Depuis le massacre commis par le Hamas, Israël doit faire face à une demande inédite dans son histoire : 180 500 nouvelles candidatures ont été soumises pour acquérir une arme privée, selon le ministère de la sécurité nationale, dirigé par le suprémaciste juif Itamar Ben Gvir. La tendance était déjà à la hausse : en 2021, il y a eu 19 000 demandes. Elles ont doublé en 2022 atteignant 42 000. La conséquence des émeutes de mai 2021, où les villes mixtes ont été le théâtre d’affrontements intercommunautaires entre juifs et Palestiniens de citoyenneté israélienne. Dans les rues du pays, les réservistes affichent plus volontiers leurs fusils d’assaut. Pourtant, seuls 2 % des Israéliens détiennent légalement une arme.
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