Washington va envoyer 1 500 soldats supplémentaires à sa frontière avec le Mexique, a annoncé, mardi 2 mai, Patrick Ryder, le porte-parole du Pentagone, à l’approche de l’expiration, la semaine prochaine, d’une mesure sanitaire controversée, permettant d’expulser sans délai les migrants franchissant les frontières terrestres des Etats-Unis.
Les autorités craignent un pic des arrivées avec la levée de cette mesure, connue sous le nom de « Title 42 ». « A la demande du ministère de la sécurité intérieure », le ministre de la défense américain « a approuvé une augmentation temporaire de 1 500 membres supplémentaires du personnel militaire pour compléter les efforts de la police aux frontières à la frontière sud-ouest », a dit Patrick Ryder.
Pendant quatre-vingt-dix jours, ils épauleront la police, notamment en matière de surveillance. « Le personnel militaire ne participera pas directement aux activités de maintien de l’ordre », a ajouté le porte-parole. Ils viendront s’ajouter aux 2 500 soldats assistant déjà la police aux frontières et d’autres agences au moment où elles se préparent à une augmentation des arrivées.
Le ministère de la sécurité intérieure a précisé que « leur soutien [allait] permettre aux membres du personnel de maintien de l’ordre de mener à bien leur travail crucial ».
L’immigration, sujet politiquement sensible
Le « Title 42 » est une mesure liée à la pandémie de Covid-19, mise en place en 2020 sous l’administration Trump, qui permet de refouler immédiatement les migrants ne disposant pas d’un visa, même les demandeurs d’asile potentiels. Elle expire le 11 mai.
L’immigration est un sujet politiquement explosif aux Etats-Unis. L’opposition républicaine attaque sans relâche Joe Biden; elle l’accuse d’avoir transformé la frontière mexicaine en passoire. Des élus républicains ont d’ailleurs prévu une conférence de presse mercredi pour appeler le démocrate à « garder le “Title 42” en place », affirmant que sa levée « exacerberait ce qui est déjà une catastrophe humanitaire et de sécurité nationale à notre frontière sud ».
Dès son entrée en fonction, Joe Biden avait mis fin à la construction du mur que voulait édifier Donald Trump à la frontière avec le Mexique. Mais les arrivées de migrants se poursuivent sans qu’il ait réussi à réformer le système d’immigration, toujours bloqué au Congrès, où les républicains sont majoritaires à la Chambre des représentants.
Dès le 11 mai, c’est un autre article, le « Title 8 », qui sera appliqué, a récemment affirmé le secrétaire à la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. Il prévoit des refoulements accélérés, assortis d’une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans et de possibles poursuites pénales.
« Pour être clair, la frontière n’est pas ouverte et n’ouvrira pas après le 11 mai », selon M. Mayorkas, qui a tout de même dit s’attendre à « une recrudescence » des passages à la frontière mexicaine dès la levée de cette mesure.