Les Etats-Unis et l’Iran échangent des prisonniers, malgré une relation bilatérale toujours conflictuelle

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La négociation fut longue et délicate. Lundi 18 septembre, cinq ressortissants américains détenus illégalement en Iran ont été libérés, dans le cadre d’un échange de prisonniers entre Washington et Téhéran. Ces otages ont embarqué à bord d’un avion mis à disposition par le Qatar, intervenant comme intermédiaire, de même que la Suisse. L’accord prévoit la libération de cinq Iraniens incarcérés aux Etats-Unis. Il comprend aussi un volet financier : le transfert de 6 milliards de dollars de revenus pétroliers appartenant à l’Iran d’un compte gelé en Corée du Sud vers un compte au Qatar. Cet argent sera utilisé par Téhéran, sous supervision américaine, à des fins strictement « humanitaires ».

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Début août, quatre des cinq prisonniers américains avaient été libérés de la sinistre prison d’Evin et placés en résidence surveillée. Leur retour aux Etats-Unis un mois plus tard, « après des années de supplice, d’incertitude et de souffrance », selon Joe Biden, ne tient pas du hasard. Il correspond à la semaine de l’assemblée générale de l’ONU à New York, où se trouve le président iranien, Ebrahim Raïssi. Aucune rencontre entre les deux dirigeants n’est prévue. Cette libération intervient aussi à l’occasion du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, jeune femme de 22 ans torturée et tuée par la police des mœurs iranienne. Un drame qui a entraîné le mouvement civique inédit Femme, vie, liberté.

« Cet accord ne change en aucune façon notre relation avec l’Iran, a expliqué un haut responsable américain à la presse. L’Iran est un adversaire et un sponsor étatique du terrorisme. Nous les tiendrons pour responsables à chaque fois que cela sera possible. » La prise d’otages étrangers – et particulièrement américains – est un outil classique du régime, depuis 1979 et la révolution islamique. La dernière négociation de cette nature date de 2016 avec Washington. Dans une lettre ouverte publiée alors qu’il était encore dans l’avion vers le Qatar, l’homme d’affaires Siamak Namazi, détenu pendant huit ans, a mis des mots bouleversants sur cette réalité : « La prison d’Evin est devenue virtuellement les Nations unies dystopiennes des otages. » Une vingtaine d’Européens seraient ainsi détenus aujourd’hui.

Contexte favorable à une reprise des contacts diplomatiques

La Maison Blanche sait que la question de l’argent débloqué est sensible, de nombreuses voix conservatrices la présentant comme « le paiement d’une rançon » à des ravisseurs, à l’instar de l’ancien secrétaire à la défense de Donald Trump Mark Esper, sur Fox News. L’administration rappelle qu’il ne s’agit pas de fonds américains, mais d’argent iranien mis à disposition de Téhéran pour acheter des équipements médicaux, des médicaments et de la nourriture. La Corée du Sud voulait de façon irréprochable respecter les sanctions américaines déjà déployées contre l’Iran, d’où l’importance du transfert vers le Qatar, validé par Washington, qui met en scène l’absence de toute complaisance. Lundi, de nouvelles mesures contre le régime ont été annoncées. « Nous avons sanctionné plus de 400 individus et entités dans 40 tranches de sanctions depuis le début de notre administration », a rappelé un haut responsable.

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