Les Etats-Unis dans la nasse de leur soutien à Israël

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Analyse. Deux tragédies s’entremêlent. La première est celle d’Israël, placé dans l’obligation de rendre le Hamas militairement infirme, parce que l’attaque du 7 octobre sur son sol a fracassé son concept de sécurité nationale. La seconde est celle des civils gazaouis, dont le supplice atteint des proportions inédites sous les bombes et le blocus israéliens.

L’administration Biden démontre la difficulté à prendre en compte les deux aspects du drame. Celle-ci a engagé sa crédibilité et ses moyens en soutien de l’Etat hébreu, dont le gouvernement est dominé par des nationalistes pyromanes et xénophobes et dont l’armée commet des crimes de guerre à Gaza.

Pour Joe Biden, ce soutien ne relève pas d’un calcul partisan, mais d’une clarté morale nécessaire face au mal incarné par le terrorisme du Hamas. Toutefois, plus ces crimes de guerre de l’armée israélienne s’accumulent, et plus l’horreur subie par l’Etat hébreu il y a un mois semble se diluer dans les opinions publiques.

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« Si vous voulez résoudre le problème, alors il faut prendre en compte la vérité dans son intégrité, a déclaré l’ancien président Barack Obama, dans l’extrait d’un podcast bientôt diffusé. Et il faut alors admettre que personne n’a les mains propres, que nous sommes tous complices à un certain degré. » Ces propos froids et analytiques offrent un contraste inédit avec la position de son ancien vice-président.

L’alliance par la preuve

Après le choc causé par l’attaque du 7 octobre, l’administration Biden a apporté un plein soutien politique et militaire à Israël. Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, puis Joe Biden lui-même, se sont rendus sur place. Des livraisons d’armes ont été décidées en urgence. Un déploiement spectaculaire de forces aéronavales en Méditerranée orientale a servi de message dissuasif à l’attention du Hezbollah libanais et de l’Iran. Les échanges bilatéraux en matière de renseignements mais aussi d’analyses militaires se sont intensifiés. Ce soutien, c’est l’alliance par la preuve. La concrétisation de l’engagement bipartisan des Etats-Unis, au fil de plusieurs décennies, de se tenir aux côtés d’Israël si sa sécurité était menacée.

Mais la perception de cet engagement se retourne contre la Maison Blanche et l’isole. Sa façon de mettre en doute les bilans officiels du ministère de la santé à Gaza, même s’il est sous la coupe du Hamas ; sa façon de faire reposer sur le mouvement islamiste l’entière responsabilité des morts, parce que ses combattants se cachent parmi les civils ; sa façon de ne pas s’interroger publiquement sur l’ampleur et la pertinence des bombardements israéliens : tout cela crée un fossé par rapport aux opinions arabes, mais aussi avec une grande partie de l’électorat démocrate, aux Etats-Unis. La manifestation organisée le 4 novembre à Washington, rassemblant des dizaines de milliers de personnes en soutien des Palestiniens, a illustré ce phénomène.

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