Les catholiques allemands mettent la pression sur le Vatican

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Un vent réformateur souffle sur l’Eglise catholique en Allemagne. Réunis en assemblée synodale à Francfort, de jeudi 9 à samedi 11 mars, quelque 209 représentants des clercs et des laïcs d’outre-Rhin ont adopté une série de textes appelant à des changements en profondeur, au risque de conserver des relations tendues avec le Vatican.

Parmi les trois principales réformes souhaitées par les catholiques allemands, la première a pour objet le célibat des prêtres. Sur ce point, la motion votée à Francfort demande au pape François – qui célèbre lundi les 10 ans de son pontificat – de « réexaminer le lien entre l’octroi des ordres sacrés et le célibat ». Parmi les délégués laïques de l’assemblée synodale, beaucoup auraient souhaité un texte plus radical, demandant l’abrogation pure et simple de l’obligation du célibat. A la demande des évêques, la version finalement adoptée se contente d’appeler le pape à ouvrir une réflexion, ce qui met celui-ci sous pression, sans pour autant le défier frontalement.

Le deuxième changement réclamé à Francfort concerne la place des femmes dans l’Eglise. Samedi, l’assemblée synodale a voté à une écrasante majorité (93 %) un texte demandant leur accès au diaconat (dignité proche de la prêtrise) et enjoignant aux évêques allemands de mener le combat en ce sens auprès du Saint-Siège. Là aussi, certains auraient souhaité aller plus loin, plaidant carrément pour l’ouverture de la prêtrise aux femmes. Cette option n’a pas été retenue, de nouveau sous la pression des évêques qui, en renvoyant à plus tard la question de l’ordination des femmes, ont souhaité éviter un affrontement avec le pape. « Le sacerdoce réservé aux hommes est une question qui ne se discute pas », avait tranché celui-ci dans son encyclique Evangelii gaudium (« la joie de l’Evangile »), en 2013.

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Reconnaître les personnes transgenres

C’est enfin sur les questions de sexualité et de genre que les catholiques allemands ont tenu à exprimer leur élan réformateur. Vendredi, l’assemblée synodale a adopté à 93 % une motion stipulant qu’à l’avenir, tous les couples, y compris les divorcés remariés et les homosexuels, pourront recevoir des bénédictions. Le lendemain, 95 % de ses membres ont approuvé un texte appelant à reconnaître les enfants trans et à permettre aux adultes ayant changé de genre de modifier la mention « garçon » ou « fille » sur les registres de baptême.

L’assemblée qui s’est tenue à Francfort était la cinquième et dernière session du « chemin synodal » allemand, un chantier de réflexion sur l’avenir de l’Eglise lancé en 2019 après le traumatisme causé par les révélations sur les violences sexuelles commises pendant des décennies par des prêtres et des religieux outre-Rhin. Soutenue par le pape à ses débuts, la démarche a vite été combattue par le Vatican qui y a vu une « menace pour l’unité de l’Eglise ».

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