Avec le point final aux négociations du Brexit sous la forme d’un accord définitif sur l’Irlande du Nord, un chapitre trouble pour le Royaume-Uni ouvert en 2016 se referme. Sept années de négociations tendues avec l’Union européenne (UE) et de crises politiques internes qui ont grevé l’économie britannique et plongé les sujets de Sa Majesté dans l’inconnu en matière de déplacements, de règles douanières ou encore de régime juridique.
Pour les 1,2 million de Britanniques qui résidaient déjà dans des pays de l’UE en 2016, la période a été marquée par une forte incertitude. Pour ces raisons, et bien d’autres sans doute, plus de 117 000 ressortissants d’outre-Manche ont décidé de se faire naturaliser dans un pays de l’UE ou de l’espace Schengen (Islande, Norvège, Suisse) entre 2010 et 2021, selon les données d’Eurostat. Ces chiffres ont connu une forte hausse entre 2016 et 2019, au plus fort des tensions entre Londres et Bruxelles, avec plus de 70 000 naturalisations. Si la tendance s’est ralentie ces dernières années, les 12 906 naturalisations enregistrées en 2021 restent bien au-dessus de la période pré-Brexit.
L’Allemagne a naturalisé un tiers des Britanniques d’Europe continentale
C’est Berlin qui a naturalisé le plus de Britanniques au cours de la dernière décennie : précisément 38 533 entre 2010 et 2021, avec un pic à 13 675 en 2019. La France arrive deuxième, avec 14 723 naturalisations – malgré seulement 163 néo-Français d’origine britannique en 2021 –, suivie par la Suède (13 482 naturalisations) et les Pays-Bas (8 805).
Si l’on rapporte ces chiffres à la taille de la population, c’est Chypre qui a naturalisé le plus de Britanniques entre 2010 et 2021 (6 141, soit 7 pour 1 000 Chrypriotes), suivi du Luxembourg (1 861, soit 3,15 ‰), de Malte (1 466, soit 3 ‰) et de la Suède (13 482, soit 1,3 ‰). La France n’arrive que treizième, avec 14 723 Britanniques devenus Français (soit 0,2 ‰).
Ces disparités sont aussi liées aux conditions de naturalisation. Ainsi, l’Espagne exige dix ans de résidence sur son territoire, un test de langue et de culture espagnole avant toute demande de naturalisation. L’Allemagne fait preuve de davantage de souplesse, en ne réclamant que huit ans de résidence et un examen de langue.